Corrèze : des recherches pour retrouver un charnier de soldats allemands exécutés par des résistants
Une campagne de recherches s’ouvre mardi 27 juin 2023 en Corrèze pour retrouver les restes de 47 soldats allemands et d’une Française accusée de collaboration, exécutés après le Débarquement, en juin 1944 par la résistance locale, qui s’est tue pendant de longues décennies.
Cette opération menée à Meymac sous l’égide de l’Office national des anciens combattants (Onac) vise à retrouver une fosse commune dans un bois et à exhumer les dépouilles pour les restituer à l’Allemagne.
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Les sols sondés pendant plusieurs jours pour tenter de retrouver les dépouilles
« La France est obligée de restituer ces corps, au nom de la convention de Genève et d’un accord franco-allemand de 1966 toujours en vigueur. Les restes mortels sont sous la responsabilité de l’Allemagne qui décide du lieu de leur regroupement », explique Xavier Kompa, directeur de l’Onac en Corrèze, à un correspondant de l’AFP.
Le Volksbund Deutsche Kriegsgräberfürsorge, l’organisme qui gère les dépouilles de soldats allemands tombés en France durant les deux conflits mondiaux, a ainsi dépêché un géoradar, qui va sonder les sols de mardi à vendredi.
« L’objectif est de repérer les corps. Puis, si les corps sont présents, l’exhumation aura lieu dans le courant de l’été. Les dépouilles retrouvées seront analysées à Marseille. Pour le moment, on ne connaît pas les identités de ces hommes », explique l’Onac.
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Déjà une première exhumation secrète
De premières fouilles avaient eu lieu secrètement en 1967 pour tenter de retrouver les corps de ces soldats de la Wehrmacht faits prisonniers par la Résistance à Tulle les 7 et 8 juin 1944 et exécutés peu après les massacres commis par la Division SS Das Reich à Tulle (Corrèze) le 9 juin (99 civils pendus aux balcons et lampadaires) et à Oradour-sur Glane (Haute-Vienne) le 10 juin (643 habitants mitraillés et brûlés dans des granges et l’église du village).
Un rapport allemand de l’époque fait état de 11 corps exhumés dans un bosquet et de deux fosses communes, selon le journal La Montagne. Une information confirmée par l’Onac de la Corrèze.
« Sur les registres municipaux, il n’y a aucune trace » de cette première exhumation, note le maire de Meymac Philippe Brugère.
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André Nirelli, qui avait dix ans lors de ces premières fouilles menées près du hameau d’Encaux, se « rappelle » en revanche « très bien quand ils sont arrivés sur les squelettes ». « Ils ramassaient la médaille militaire autour du cou et mettaient les ossements dans un sac (…) ça m’avait beaucoup marqué », a-t-il déclaré à l’AFP.
Pendant de longues années, le temps fait son œuvre, principalement façonnée par l’omerta des maquisards et le discours mémoriel dans une région limousine particulièrement meurtrie.
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« Ça sentait le sang »
La trace du charnier a été retrouvée grâce notamment au témoignage d’un ancien résistant témoin des faits, Edmond Réveil, 98 ans, qui en parle une première fois en 2019 lors d’une réunion d’anciens combattants.
Ancien des Francs-Tireurs et Partisans (FTP, résistance d’obédience communiste), il explique aujourd’hui que la Résistance avait capturé 55 soldats allemands et membres de la Gestapo lors de l’attaque de Tulle.
Selon lui, un gestapiste a été abattu en tentant de fuir et sept soldats originaires d’Europe de l’Est ont été confiés à un autre groupe de résistants sans que l’on connaisse leur destin.
Les 47 autres soldats ont été exécutés le 12 juin à Meymac, après plus de 50 km de marche, se souvient-il avec précision : « Il faisait une chaleur… Ça sentait le sang ».
« Pour aller faire pisser un prisonnier, il fallait qu’il soit encadré par deux d’entre nous. On n’avait pas prévu le ravitaillement, toute l’intendance. Il fallait les nourrir, les garder. C’est à ce moment-là qu’on nous a donné l’ordre » de les exécuter, raconte dans La Montagne celui qui portait le nom de code « Papillon ».
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Une Française accusée de collaboration
Les victimes ont été laissées dans une fosse commune qu’elles avaient elles-mêmes creusée, dit-il.
Il y avait aussi une Française, proche de la Gestapo. « On ne connaissait pas son identité. Personne ne voulait la tuer, il a fallu tirer au sort celui qui devrait l’exécuter. Pour les autres prisonniers, c’était (d)es (tireurs) volontaires », relate encore l’ancien FTP, qui assure avoir choisi de ne pas tirer. « On a versé de la chaux sur eux et on n’en n’a plus jamais reparlé ».
« On a commis une faute », estime Edmond Réveil qui ne veut pas raviver les haines mais souhaite que les descendants de ces Allemands et de cette Française puissent connaître cette histoire.
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