Corrèze : La recherche des corps de soldats allemands démarre à coups de pelleteuses
Dans cette affaire, « il y a encore beaucoup de points d’interrogation… » Mercredi, le préfet de la Corrèze Etienne Desplanques, n’a pas pu répondre à toutes les questions de la cinquantaine de journalistes qui avaient fait le déplacement. Tous étaient venus assister au démarrage du chantier d’exhumation de 35 corps de soldats allemands et une Française, qui auraient été exécutés en juin 1944 à Meymac, en Corrèze, par des résistants français.
C’est que l’affaire, même avec ses trous, passionne, et bien au-delà des frontières françaises, car elle raconte un pan méconnu, et plutôt sombre, de la fin de la Seconde Guerre mondiale et des actions de la Résistance à partir de ce mois de juin 1944.
« Nous devons traiter ce sujet avec beaucoup de responsabilité et de dignité, insiste le préfet. Aujourd’hui, la France a l’obligation juridique de restituer les dépouilles de soldats allemands tombés en France, et c’est aussi une obligation morale. Mais nous devons le faire en tenant compte des familles de résistants, ici à Meymac, ce qui veut dire en remettant ces éléments dans le contexte de juin 1944. »
Campagne géoradar
Le chantier d’exhumation, qui a démarré au sommet d’une colline à quelques kilomètres de Meymac, sur le plateau des Millevaches, doit durer jusqu’au 27 août. Deux pelleteuses s’affairent pour le moment à réaliser des tranchées, sur un périmètre de 45 mètres sur dix, et une profondeur d’1m80. Il a été délimité à la suite d’une campagne géoradar menée par le VDK, organisme allemand créé après la Première Guerre mondiale pour retrouver les morts de guerre allemands, les identifier et informer les familles. Cette campagne a permis d’identifier des « anomalies » dans la terre, sans certitude pour autant qu’elles correspondent à la présence de corps.
C’est pourquoi aujourd’hui il faut creuser. « Nous sommes en train de procéder à un décapage longitudinal pour avoir une vue exhaustive de tout le site, en se basant sur ces points géoradar qui ont constaté des anomalies dans le sol » explique Marine Meucci, archéoanthropologue de l’Office national des combattants et des victimes de guerre (ONACVG).
« On attend de retrouver soit des restes osseux, soit des artefacts militaires [vêtements, plaques…], avant de démarrer une fouille fine, avec des méthodes archéologiques classiques, c’est-à-dire avec des outils de dentiste, des truelles et des pinceaux. Dans l’hypothèse où on retrouverait des corps, nous les exhumerons pour ensuite les emmener au laboratoire d’Aix-Marseille et faire des analyses anthropologiques plus poussées : âge, sexe, taille, stature, blessures… Toutes ces informations nous aideront à identifier les soldats. »
Menées sous l’égide de l’ONACVG, ces fouilles mobilisent 18 personnes sur place : trois anthropologues de Marseille, 12 agents du VDK parmi lesquels des militaires et trois membres de l’ONACVG. « Nous ne sommes pas sur un chantier de fouilles archéologiques, précise cependant le préfet de la Corrèze, mais sur un chantier d’exhumation, ce qui veut dire protection de la dignité des corps. C’est la raison pour laquelle qu’il n’y aura pas d’accès au site jusqu’au 27 août. »
Onze corps exhumés à la fin des années 1960
Combien de soldats allemands se trouveraient dans cette fosse ? Aujourd’hui, les autorités s’attendent à trouver 36 corps, dont 35 soldats et une Française. Mais ce sont en tout 46 soldats, faits prisonniers les 7 et 8 juin 1944, et une Française qui auraient été exécutés ce 12 juin 1944, si l’on s’en tient au témoignage d’Edmond Réveil, résistant corrézien aujourd’hui âgé de 98 ans. Cet ancien membre du groupement local des Francs-tireurs et partisans (FTP), d’obédience communiste, a souhaité en 2019 « soulager sa conscience » en évoquant publiquement cette exécution, même si elle était déjà connue dans certains cercles corréziens.
Une première campagne de fouilles menée, dans des conditions qui restent à éclaircir, à la fin des années 1960, avait en effet permis d’exhumer onze de ces corps, dont sept avaient été identifiés. « Il existe un document d’exhumation, qui date de 1969, détaille le préfet Etienne Desplanques. C’est un document allemand, et à ce jour nous n’avons pas trouvé de document français, même si je n’ose pas imaginer qu’à la fin des années 1960, les Allemands aient pu venir ici faire des exhumations sans que les autorités françaises ne soient au courant. » Ce document avait permis de glaner de premières informations sur ces soldats, notamment qu’ils provenaient d’une unité basée à Tulle, composée de soldats provenant de différents corps.
« Un contexte très lourd » en juin 1944
Cette exécution commandée par les FFI (Forces Françaises de l’intérieur) en juin 1944, intervient alors que la division Das Reich est en train de remonter la France pour rejoindre la Normandie, « avec pour mot d’ordre de démolir et d’effrayer la population française » rappelle Xavier Kompa, directeur du service départemental des combattants et victimes de guerre de la Corrèze. « Le 9 juin à Tulle, 99 personnes sont pendues à des lampadaires, et 101 meurent en déportation, le 10 juin c’est Oradour-sur-Glane, 640 morts, et le même jour à Ussel on a assassiné 46 jeunes FTP. Le contexte est donc très lourd. »
Il n’empêche qu’aujourd’hui, Français et Allemands ont le souhait d’offrir à ces soldats « une sépulture décente » qui devrait se situer dans un cimetière allemand en France, s’ils sont bel et bien retrouvés.
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