Investissement dans l’art : pourquoi, comment, quel artiste et quelle œuvre choisir


Pourquoi investir dans l’art ?

Investir dans l’art pour constituer une collection

Investir dans l’art, c’est avant tout une source de plaisir, de satisfaction esthétique et d’enrichissement intellectuel, culturel et social.

Détenir un patrimoine artistique ou se lancer dans une collection implique, pour établir son goût, aiguiser son œil, parfaire ses connaissances, en vue de réaliser de futures acquisitions :

  • de consulter les catalogues d’exposition, les monographies d’artistes
  • de visiter les galeries, foires, expositions et musées
  • de rencontrer d’autres collectionneurs, des galeristes, des commissaires-priseurs
  • de voyager dans le monde entier

L’espérance de gains passe au second plan, elle est même absente de la réflexion de nombreux collectionneurs. On investit dans l’art pour l’émotion procurée par les œuvres, pour la chance de pouvoir les contempler chez soi.

La valeur sociale et honorifique de la détention d’œuvres d’art n’est pas non plus à négliger : détenir une collection d’œuvres d’art, c’est acter l’accès à un certain statut qui n’est pas donné à tous. Les œuvres d’art cochent, en outre, une bonne partie des cases des codes du luxe : ticket d’entrée (montant minimum pour investir), rareté, excellence du savoir-faire, émotion, expérience.

Investir dans l’art pour le potentiel de valorisation

Toutefois, l’investissement dans l’art à des fins spéculatives est aussi une réalité et une dimension prise en compte par certains acheteurs. Pour commencer une nouvelle collection, rien de tel qu’une vente d’une œuvre avec un multiple pour disposer d’une enveloppe à investir. Ce qui suppose d’avoir acheté dans de bonnes conditions.

Il est possible de faire d’excellentes affaires mais aussi de très mauvaises : les exemples d’artistes contemporains moins biens cotés sur le marché secondaire (à la revente) que sur le marché primaire (en galerie) ne sont pas rares. Autrement dit, le risque de revente à perte ne doit pas être exclu, si une œuvre a été acquise à un prix trop élevé, ou si la cote d’un artiste baisse.

Acquérir en direct des œuvres d’art requiert du temps, un réseau de connaissances, une expertise, un budget conséquent, une veille sur un marché mouvant, bref tout un savoir-faire pour faire des achats au bon prix. Une complexité qui a favorisé l’essor du métier de conseiller en art ou « Art advisor », un expert qui met son expérience, ses connaissances et son réseau au service de ses clients pour les accompagner dans la création ou la gestion de leur collection.

Les indices de prix, tels que l’Artprice100, montrent que les performances du marché de l’art sont meilleures que celles des actions cotées (S&P 500, Stoxx Europe 50) depuis l’an 2000. Ce constat mérite d’être nuancé : cet indice ne comporte que les artistes les plus connus (appelés artistes « Blue-chips », dont le prix des œuvres est inaccessible pour la plupart des collectionneurs, et ne tient pas compte des coûts annexes (commission à l’achat et à la vente, taxes, frais de transport, assurance, encadrement, restauration, etc.). -> Lire la rubrique > Performances de l’art, évolution du prix des œuvres

Investir dans l’art pour diversifier un patrimoine

Investir dans l’art constitue également une source de diversification d’un patrimoine financier pour les épargnant aisés.

D’un point de vue patrimonial, l’art fait partie des investissements dits alternatifs au même titre que le crowdfunding (ou financement participatif), l’or, les cryptoactifs ou les autres placements plaisir (tels que le vin). Généralement, les conseillers en gestion de patrimoine (CGP) et en investissements financiers (CIF) recommandent d’allouer un maximum de 10% de leur portefeuille aux actifs alternatifs.

La diversification est procurée par les attributs suivants des œuvres d’art :

  • actif tangible que l’on peut admirer chez soi ou dans des lieux d’exposition, à la différence d’actifs immatériels comme les actions, les obligations, les fonds d’investissement ou les cryptoactifs.
  • marché de l’art décorrélé des marchés financiers, des fluctuations des cours de Bourse
  • marché profond et complexe comprenant plusieurs types d’arts (peinture, sculpture, dessin, photographie), plusieurs époques (art ancien, art moderne, art d’après-guerre, art contemporain), différents mouvements ou courants artistiques, plusieurs marchés (premier marché et second marché), plusieurs catégories d’artistes (jeunes vs établis, vivants vs morts)

À côté de l’acquisition d’œuvres en vue de leur détention à domicile (ou, malheureusement, dans un coffre), des solutions d’investissement, sous la forme de fonds ou de club-deals (aussi appelé « investissement fractionné »), répondent à ce besoin de diversification. Mais rien ne remplace la sensation de vivre chez soi avec les œuvres du ou des artistes que l’on aime contempler.

Investir dans l’art pour défiscaliser

Investir pour bénéficier d’avantages fiscaux est un objectif en tant que tel pour de nombreuses personnes, dans le pays où les prélèvements sociaux et fiscaux sont, en pourcentage de la richesse nationale, les plus élevés d’Europe. C’est cependant un réflexe à bannir : tout avantage fiscal doit être considéré comme un bonus, une cerise sur le gâteau, et non une motivation première pour investir.

Ce raisonnement est également applicable à l’investissement dans des œuvres d’art. On peut toutefois mentionner plusieurs dispositions favorables liées à la détention d’un patrimoine artistique :

  • exonération d’impôt sur la fortune immobilière (IFI) : les œuvres d’art ne sont pas prises en compte dans le patrimoine taxable (c’était déjà le cas dans l’ancien ISF, en vigueur jusqu’en 2017)
  • exonération sur les plus-values à la revente après 22 ans de détention, grâce à un mécanisme d’abattements selon le nombre d’années depuis la date d’acquisition (sous réserve de détenir la preuve d’achat)
  • en tant que personne morale : déduction du prix d’acquisition d’œuvres d’artistes vivants, à raison de 20% du prix d’achat par an durant cinq ans (sous réserve d’exposition de l’œuvre d’art dans un lieu accessible gratuitement au public ou aux salariés)

Art contemporain, art moderne, art d’après-guerre : les différentes périodes de création

Le marché de l’art se segmente en plusieurs périodes de création, qui elles-mêmes se subdivisent entre différents mouvements artistiques et périodes (liste non exhaustive) :

  • art ancien (de l’antiquité au XIXème siècle) : art de l’Égypte antique, art de la Grèce antique, art médiéval, Renaissance, art classique, néoclassique
  • art moderne (de 1870 à 1945) : réalisme, impressionnisme, art nouveau, modernisme, fauvisme, expressionnisme, cubisme, dadaïsme, surréalisme
  • art d’après-guerre (de 1945 à 1970) : Pop art
  • art contemporain (depuis 1970) : land art (ou art environnemental), street art, etc.
  • art ultra-contemporain : œuvres d’artistes âgés de moins de 40 ans

Ces périodes ont une incidence notable sur les critères d’acquisition d’un collectionneur :

  • l’art ancien pose la question de l’authenticité et de la provenance des œuvres
  • l’art contemporain présente la particularité d’être produit par des artistes vivants (dont certains très jeunes qui n’ont pas encore de cote sur le marché secondaire) ou morts depuis plus ou moins longtemps

Galerie, maison de ventes aux enchères, art advisor… Les intervenants du marché de l’art

Galerie d’art : « agent » d’artistes

Une galerie d’art est un intermédiaire entre l’artiste et le collectionneur d’œuvres d’art.

Le choix d’une galerie a une influence directe sur le potentiel de valorisation des œuvres d’un artiste.

Maison de ventes aux enchères

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Elles s’appellent Sotheby’s, Christie’s, Phillips, Bonhams, Artcurial… Les maisons de ventes aux enchères sont des opérateurs mandatés par les propriétaires d’œuvres d’art ou d’objets de collection pour proposer ces biens aux acheteurs dans le cadre d’enchères publiques (procédé de mise en concurrence ouvert au public et transparent). Lors d’une vente publique, le bien qui a trouvé preneur est adjugé à un prix d’adjudication, dit aussi « prix marteau » à l’enchérisseur le mieux-disant (acheteur qui a formulé l’enchère la plus élevée). Ce prix d’adjudication est ensuite majoré de la commission perçue par la maison de ventes ou frais « acheteurs », généralement comprise entre 20 et 30%. Une maison de ventes aux enchères intervient avant tout sur le marché secondaire (marché de la revente).

La maison de ventes aux enchères se charge :

  • d’établir la provenance du bien et de procéder à son authentification, en lien avec des experts
  • de faire une publicité préalable à la vente, généralement sous la forme d’un catalogue, où figurent une description, une reproduction (photo) et une estimation de chaque lot
  • de l’organisation des ventes aux enchères (choix de la date, réception des lots, préparation de la vente, exposition publique préalable à la vente)
  • de procéder à la vente aux enchères publique, qui peut être retransmise « live » sur Internet ; la vente est dirigée par un commissaire-priseur
  • de délivrer les lots aux acheteurs

De plus en plus souvent, les maisons de ventes aux enchères organisent des ventes privées entre un vendeur et un acheteur, sans publicité du prix de la vente.

À l’échelle mondiale, le classement des principales maisons de ventes aux enchères, selon le cumul annuel du produit des ventes, est le suivant (source Artprice) :

Art advisor ou conseil en art

Le métier d’art advisor consiste à aider les particuliers comme les entreprises à constituer leur collection d’œuvres d’art. Un art advisor apporte à ses clients un conseil personnalisé en acquisition d’œuvres d’art classiques ou contemporaines (sachant que chacun a ses spécialités et ses lacunes), mais aussi au moment de leur cession et, plus globalement, dans la gestion d’un patrimoine artistique (l’augmenter, le rationaliser, disperser une collection, recevoir un héritage).

L’art advisor apporte :

  • une aide aux néophytes pour établir leur goût
  • sa connaissance du marché et sa connexion à l’écosystème (identification des bons intermédiaires, etc.)
  • une identification des pièces en vente correspondant aux goûts des clients et des opportunités
  • un accompagnement dans le cadre de ventes publiques
  • une aide à la sélection d’œuvres
  • une aide à la négociation à l’achat et à la vente
  • un suivi des tendances et une veille (« les yeux et les oreilles » des clients)
  • une mise en relation avec les bons prestataires (organisation du transport, assurance, encadrement, restauration, stockage)

Un art advisor peut se rémunérer :

  • en prélevant des commission sur transactions (modèle de courtage)
  • en facturant des honoraires

Investir dans l’art : quel artiste choisir et comment ?

Le choix d’un artiste comporte une part d’irrationnel : c’est d’abord une question de goût et d’émotion vécue. Tout dépend ensuite des objectifs poursuivis : s’agit-il d’acquérir une ou plusieurs œuvre uniquement à des fins ornementales et hédonistes, en vue d’un retirer une plus-value, ou de combiner ces deux approches ?

Toutefois, s’agissant des artistes vivants, il est possible de faire un choix plus méthodique, en tenant compte de différents critères, parmi les suivants (liste non exhaustive) :

  • l’artiste est-il représenté par une galerie locale, nationale ou grande galerie internationale ?
  • l’artiste a-t-il déjà fait l’objet d’une vente publique ?
  • l’artiste est-il établi sur le second marché ? A-t-il une cote ? Quelle est la tendance de sa cote ?
  • l’artiste est-il présent dans des ventes aux enchères seulement en France ou à l’international ?
  • quelle est la nationalité de l’artiste ?
  • l’artiste a-t-il créé des œuvres faisant partie d’une grande collection institutionnelle ou privée ?
  • l’artiste a-t-il une actualité muséale récurrente ? Fait-il l’objet d’expositions monographiques dédiées ?
  • l’artiste va-t-il bénéficier prochainement d’une mise en lumière spécifique lors d’une exposition ou d’une vente aux enchères ?

Artprice dénombre, à l’échelle mondiale, 33.000 artistes dont les œuvres ont été vendues aux enchères d’art contemporain sur la période du 1er juillet 2023 au 30 juin 2024. Les 500 artistes les « plus performants » ont atteint 85% du produit des ventes. Choisir parmi ce TOP 500 peut constituer un premier filtre de choix, sachant que, parmi ceux-ci, des œuvres sont accessibles à partir de quelques dizaines de milliers de dollars.

On peut aussi classer les artistes selon différentes catégories, parmi les suivantes (liste non exhaustive) :

  • old masters ou maîtres anciens, les grands maîtres de l’art ancien
  • grands maîtres des XIXème et XXème siècles : les grands noms qui ont marqué l’histoire de l’art classique ou contemporain et dont les chefs d’œuvre ont inspiré de nombreux autres artistes
  • artistes de premier plan reconnus internationalement
  • artistes nationaux, qui n’ont pas encore percé dans les salles de ventes en dehors de leur marché domestique
  • jeunes artistes prometteurs représentés par des galeries influentes
  • jeunes stars de l’art contemporain déjà reconnues sur le marché secondaire et faisant l’objet d’un engouement fulgurant

On constate que le décès d’un artiste bien coté à l’international a tendance à stimuler les enchères des adjudications qui suivent sa mort.

Investir dans l’art : quelle œuvre choisir et comment ?

Une fois un ou plusieurs artistes identifiés, quelle œuvre choisir ? Une liste d’œuvres à acheter est impossible à publier, tellement les paramètres sont nombreux.

Au-delà de l’identité de l’artiste et de son statut, trois principales variables sont déterminantes pour acquérir une œuvre d’art :

  1. le budget d’acquisition
  2. le goût
  3. et l’objectif d’investissement (ornement, collection, plus-value).

De nombreux critères peuvent être pris en compte, parmi les suivants (liste non exhaustive) :

  • œuvre majeure ou mineure dans la production de l’artiste
  • date de création et importance de l’œuvre : s’agit-il d’une œuvre isolée dans le corpus de l’artiste ou s’inscrivant dans une série ?
  • œuvre s’insérant dans une série (notion de « sérialité »), qui facilite la comparaison du prix et sa liquidité ; cette sérialité peut se manifester de différentes façons : répétition de cadrage, de geste, palette de couleurs utilisée, technique utilisée, etc.
  • rareté de l’œuvre
  • prix de l’œuvre : dans l’art contemporain, le potentiel de liquidité est plus important pour des œuvres au-delà de plusieurs dizaines de milliers d’euros
  • liquidité : capacité d’une œuvre à être revendue plus ou moins rapidement (voir ce qui précède)
  • provenance : l’histoire du tableau peut avoir une influence sur son prix, s’il a appartenu à une collection réputée ou à une personnalité ; la connaissance de la provenance d’une œuvre lui donne une valeur supplémentaire, surtout s’il s’agit d’une œuvre ancienne
  • lieu et moment de vente : une œuvre vendue lors d’un temps fort, comme une foire internationale ou une exposition monographique, a plus de chances d’être payée au prix fort ou de faire l’objet d’une forte concurrence des enchérisseurs lors d’une vente publique
  • état de conservation de l’œuvre : des défauts en altèrent la valeur
  • dimensions de l’œuvre : critère fondamental lorsqu’il s’agit de l’exposer chez soi (il serait fâcheux qu’une pièce de grand format ne franchisse pas la porte ni les fenêtres)
  • medium, support, outil : pour un artiste donné, l’écart de prix peut s’avérer important entre un dessin, une peinture, etc.

Investir dans l’art en direct

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Visite de la foire d’art moderne et contemporain Art Basel, au Grand Palais à Paris (crédits : Matis)

Méthode pour investir dans l’art à titre personnel

Pour investir dans l’art en direct, la méthode suivante peut être suivie :

  1. Parfaire ses connaissances sur le marché de l’art : visiter les musées, galeries, expositions, foires et salons, lire les monographies d’artistes, lire les catalogues d’exposition, rencontrer le ou les experts qui font autorité sur un courant artistique ou un artiste en particulier
  2. Se fixer une enveloppe : déterminer un budget à l’avance pour ne pas se laisser emporter lors d’une vente aux enchères et éviter d’acheter au-dessus du prix de marché
  3. Se renseigner sur les cotes et les tendances de prix d’un artiste : consulter les bases de données de type Artprice, en ayant à l’esprit qu’elles ne sont pas représentatives de la totalité du marché
  4. Se tenir au courant de l’actualité : lire la presse spécialisée
  5. Se rendre sur place (en galerie ou en maison de vente) pour voir une œuvre avant de l’acheter (la lumière et la couleur d’une œuvre peuvent différer entre une photo et une observation de ses propres yeux)
  6. Vérifier l’état de l’œuvre : demander un rapport de condition sur l’œuvre ou sur le lot mis en vente pour s’assurer que l’œuvre ne présente pas de défaut ni d’altération (peinture écaillée, décoloration, salissures, moisissures, etc.)
  7. Se montrer patient pour espérer une plus-value à la revente : l’appréciation du prix d’une œuvre peut prendre du temps, plus d’une décennie parfois ; si son prix d’achat s’est situé au-dessus de la cote de l’artiste, la revente peut s’effectuer à perte sur le plan financier
  8. Tenir compte des frais de transaction et de détention : commissions d’achat et de vente, frais de conservation, de transport, d’assurance, d’encadrement, de restauration, honoraires de conseil en art (le cas échéant)
  9. Tenir compte de la fiscalité. 

Avantages et inconvénients de l’achat en direct

L’achat d’œuvres d’art en direct présente les avantages suivants :

  • plaisir de la quête
  • enrichissement culturel
  • rencontres avec les acteurs du monde de l’art (galeristes, experts, artistes) et les autres collectionneurs
  • choix personnel des œuvres
  • exposition des œuvres à domicile, satisfaction esthétique

En revanche, l’achat d’œuvres d’art en direct présente les inconvénients suivants :

  • risque de perte financière
  • absence de régulation protectrice pour l’acheteur (pas de superviseur chargé de la protection de ses intérêts)
  • nombreuses œuvres inaccessibles du fait de leur prix
  • confrontation à la complexité et à l’opacité du marché (toutes les œuvres de sont pas vendues aux enchères à prix public)
  • difficulté à identifier les interlocuteurs fiables
  • contraintes logistiques et administratives
  • frais de détention : conservation, transport, assurance, encadrement, restauration
  • frais de transaction.

Investir dans l’art de façon indirecte comme un placement financier

Plusieurs solutions permettant d’investir indirectement dans des œuvres d’art, à des fins de diversification patrimoniale et dans le but d’en tirer un gain à la revente, ont vu le jour ces 18 derniers mois.

Ces solutions de placement ont différents points communs :

  • détention de titres financiers et non des œuvres en direct
  • corrélation faible avec les marchés financiers
  • solutions d’investissement clés en main : l’investisseur n’a pas à se soucier de la sélection, de l’achat, des formalités administratives, du transport, du stockage, de l’assurance, de la recherche d’acheteurs
  • démocratisation : accès facilité à des œuvres ou artistes majeurs, avec un ticket d’entrée plus faible que l’investissement en direct et à une gestion professionnelle
  • fiscalité : régime fiscal des revenus de capitaux mobiliers, avec application par défaut de la flat tax sur les gains (12,8% d’impôt sur le revenu et 17,2% de prélèvements sociaux au taux actuellement en vigueur)

Investir dans l’art via un club deal : Matis

En France, la société Matis, agréée par l’Autorité des Marchés Financiers (AMF) en tant que prestataire de services de financement participatif (PSFP), permet d’investir dans l’art contemporain au travers de club deals : ce sont des véhicules de co-investissement sous la forme de sociétés par action simplifiées (SAS) où l’épargnant acquiert des obligations convertibles en actions (OCA), dont le produit sert à acquérir les œuvres, à raison d’une SAS par œuvre. L’investisseur n’est donc pas copropriétaire de l’œuvre, mais créancier de la société détentrice.

Le ticket minimum pour investir dans un club deal proposé par Matis est fixé à 20.000 euros. Des droits d’entrée de 10% sont prélevés par Matis (commission au moment de l’investissement).

Au sein des club deals qu’elle propose, Matis a vocation à investir de la façon suivante :

  • œuvres d’artistes emblématiques d’après-guerre de renommée internationale, aussi appelés artistes « Blue-chips », du fait de leur statut, de leur place dans l’histoire de l’art
    ➡️ Parmi les artistes ciblés, Matis cite Yayoi Kusama, Andy Warhol, Yves Klein, François-Xavier Lalanne.
  • œuvres dites « iconiques » valorisées à l’échelle internationale par les grands musées, les grandes galeries, les collectionneurs internationaux
  • œuvres dont le prix d’acquisition est compris entre 500.000 euros et 5 millions de euros
  • œuvres d’artistes travaillant par série
  • achat au meilleur prix possible, sous la cote, pour revendre au prix de marché auprès de galeries d’art moderne et d’art contemporain spécialistes de l’artiste concerné, dans le monde entier (la performance se réalise à l’acquisition)

Au 19 septembre 2024 (dernière date d’arrêté du « track-record » de Matis), Matis a, pour le compte des club-deals qu’elle gère, acquis 29 œuvres et procédé aux cessions suivantes :

Matis cible un horizon de cession de 6 à 36 mois et une performance annualisée (taux de rentabilité interne ou TRI) comprise entre 15% et 20%. En cas de plus-value à la revente, l’investisseur touche une partie de celle-ci (sachant que Matis se rémunère à hauteur de 20% du montant de la performance).

L’investissement dans les club deals Matis peut s’effectuer :

  • via un conseiller de type CGP-CIF (conseiller en gestion de patrimoine / en investissements financiers)
  • personnellement avec ou sans cooptation par un investisseur déjà membre

Fonds d’investissement dans l’art : FrenchArtFund

FrenchArtFund, lancé en début d’année 2024 par la société de gestion Inocap Gestion est, à notre connaissance, le seul fonds d’investissement ouvert aux particuliers en France (à partir de 100.000 euros de souscription) dédié à l’art contemporain, dans un cadre régulé par l’Autorité des marchés financiers (AMF).

FrenchArtFund est un fonds fermé d’une durée de vie maximale de 9 ans, ouvert à la souscription depuis le 2 février et jusqu’au 31 décembre 2024.

Ce fonds vise à rendre l’investissement dans l’art plus accessible en tant que classe d’actifs. Son portefeuille a vocation à être alloué de la façon suivante :

  • 60% minimum en œuvres d’art (tableaux et dessins principalement) réalisées par des artistes occidentaux consacrés d’après-guerre et contemporains, représentés par les 30 premières galeries internationales, figurant dans le top 500 mondial du classement Artprice (selon le produit des ventes aux enchères), dans une fourchette de prix comprise entre 150 et 500.000 euros
    l’ensemble des œuvres d’un même artiste ne pourra pas représenter plus de 10% du portefeuille
  • 30% maximum en actions cotées internationales, réalisant tout ou partie de leur chiffres d’affaires dans une ou plusieurs activités liées à l’art
  • 10% maximum de liquidités : OPCVM obligataires, placements monétaires, dépôts et comptes à terme

Chaque poche (celle investie dans les œuvres d’art et celle dans les actions cotées) est gérée par un gérant dédié

Le fonds, structuré sous la forme d’un fonds professionnel spécialisé (FPS), affiche des frais de gestion récurrents annuels de 3% TTC, pour la part A1 (Code ISIN : FR001400NHF6), accessible à partir de 100.000 euros. Une commission de surperformance égale à 20% de la performance du fonds sera prélevée, si celle-ci est supérieure à 7% annualisés sur toute la durée de vie du fonds.

Deux autres catégories de parts sont accessibles avec des frais de gestion réduits :

  • parts A2 (Code ISIN : FR001400NH91), souscription minimum de 0,5 million d’euros : 2,65% de frais de gestion
  • parts A3 (Code ISIN : FR001400NHL4), souscription minimum de 1 million d’euros  : 2,25%

En complément de l’accès à un portefeuille d’investissement diversifié dans l’art contemporain, FrenchArtFund prévoit l’attribution d’un « dividende culturel » au travers des actions suivantes :

  • présentation des œuvres du fonds dans leur espace de stockage
  • accès VIP à des salons et foires
  • invitation à des événements et sorties
  • rencontres avec des acteurs du monde de l’art : conservateurs, galeristes, artistes.

Performances de l’art, évolution du prix des œuvres

La performance financière des œuvres d’art est très souvent présentée comme bien supérieure à celle des actions cotées. C’est le cas en comparant le parcours depuis le 1er janvier 2000 de l’indice Artprice100, représentatif des artistes « Blue-chips » avec ceux de l’indice S&P 500 (grandes actions américaines) et de l’indice STOXX Euro 50 (grandes actions européennes), comme le montre le graphique ci-dessous :

, Investissement dans l’art : pourquoi, comment, quel artiste et quelle œuvre choisir

La performance annuelle de l’indice Artprice100 ressort ainsi à 8,2% par an, contre 4,8% par an pour le S&P 500 et -0,4% pour le STOXX Euro 50, soit une surperformance annuelle de 1,7 fois entre les œuvres d’art et les actions américaines.

Attention cependant : cet indice Artprice100 n’est pas représentatif de tout le marché, la plupart de ces œuvres n’étant accessibles qu’à quelques centaines de milliardaires (nous parlons de Picasso, Warhol, Monet, Basquat, Hockney…). Autrement dit, cet indice comporte un biais lié à sa composition.

Sur très longue période (641 transactions analysées de 1652 à 1961), selon une étude de l’universitaire William J. Baumol, le rendement réel annualisé des œuvres d’art serait de 0,55%, hors coûts de transaction et risques de destruction (source rapport d’information du Sénat n° 330 du 29 avril 1999), soit 2 points de pourcentage de moins que les obligations d’État sur la même période.

Selon une autre étude réalisée par les économistes Werner Pommerehne et Bruno Frey, à partir de 1.200 transactions intervenues entre 1961 et 1987, le rendement serait de 1,5%.

Enfin, une dernière étude réalisée par trois économètres (Olivier Chanel, Louis-André Gérard-Varet et Victor Ginsburgh) font état d’un rendement réel de 6,7% sur la période 1960-1988 pour un échantillon de 32 œuvres d’artistes renommés nés après 1830 et ayant passé au moins une partie de leur vie en France.

Fiscalité sur les œuvres d’art

Taxe forfaitaire ou imposition de la plus-value à la revente

Le vendeur d’une œuvre d’art a le choix entre deux régimes fiscaux :

  1. la taxe forfaitaire sur les objets précieux (régime par défaut)
  2. l’imposition des plus-values

Le régime du forfait s’applique quand on ne détient pas la preuve de l’origine de l’œuvre. Son taux est fixé à 6%, auquel il faut ajouter 0,5% de contribution pour le remboursement de la dette sociale (CRDS), soit 6,5% en tout. Une œuvre est exonérée lorsque le prix de cession est inférieur ou égal à 5.000 euros.

Le régime d’imposition des plus-values de cession de biens meubles (prévu à l’article 150 UA du CGI) prévoit :

  • une imposition au taux de 19% + 17,2% de prélèvements sociaux, soit 36,2% en tout
  • l’application d’un abattement de 5% par année de détention au-delà de la deuxième, revenant à une exonération totale au bout de 22 ans

Ce régime peut être mobilisé, en utilisant le formulaire n°2092 SD, à la condition d’être en mesure de justifier :

  • la date et le prix d’acquisition de l’œuvre
  • ou une détention depuis plus de 22  ans

Un justificatif doit être joint à la déclaration : certificat délivré par le commissaire-priseur dans le cas d’une vente aux enchères publique, facture, reçu dans le cas d’une acquisition de gré à gré auprès d’un particulier

Exonération d’IFI

Les œuvres d’art n’entrent pas dans l’actif taxable à l’impôt sur la fortune immobilière (IFI). Cette exonération était déjà en vigueur dans le cadre de l’ancien ISF (impôt de solidarité sur la fortune) en vigueur jusqu’en 2017.

Il n’est donc pas nécessaire de tenir compte des œuvres détenues dans le patrimoine taxable à l’IFI (rien à déclarer à ce titre), que ce soit directement ou au travers d’un placement financier.

Il faut cependant se montrer vigilant avant de revendre : la cession, considérée comme un revenu en cas d’option pour le régime d’imposition des plus-values de cession de biens meubles, peut déclencher le déplafonnement de l’IFI. Il convient donc d’évaluer, au préalable, quelle est le régime fiscal le plus favorable, entre la taxe forfaitaire et le régime des plus-values.

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