, L’irrésistible ascension de l’artiste vichyssois SoZ

L’irrésistible ascension de l’artiste vichyssois SoZ

À l’aube de la quarantaine, en pleine période de confinement pour cause de Covid, Renaud Sauzedde s’est découvert une nouvelle passion : la peinture. Depuis, son talent a fait le reste. Et sa carrière s’envole. L’artiste vichyssois ne s’interdit aucune prise de risque artistique, et creuse un sillon passionnant, en dehors des sentiers battus. Il expose actuellement à Vichy, dans sa boutique du passage Giboin, et aux Grandes tables de la Comédie, à Clermont-Ferrand, chez son ami Frédéric Coursol. Rencontre

Il a le geste leste et ample. Comme une évidence artistique. Dans ses toiles métamorphes, on choisit sa porte d’entrée. Par la gauche, la droite, le haut, le bas. Le dessin est net, mais l’appropriation toute personnelle. Le mouvement entraîne le regard, et l’œuvre change, au gré des lignes. Comme autant de vagues à la crête desquelles l’œil divague., L’irrésistible ascension de l’artiste vichyssois SoZSes œuvres, Renaud Sauzedde les signe à la pointe de son Posca, d’un « SoZ », qui veut dire talent. Un pseudonyme reconnaissable entre mille, dans le landerneau vichyssois, et désormais bien au-delà. La belle rumeur n’a pas pris son temps, pour porter loin la bonne parole artistique du jeune Bourbonnais.
Pourtant, ce destin-là était loin d’être écrit. Au départ, il choisit des études de garde forestier. Puis se réoriente rapidement vers le marketing, spécialisé dans le sport. Il se retrouve en région parisienne, dans l’un des plus gros magasins de glisse d’Europe.

Peintre, illustrateur, tatoueur So.Z croise les arts avec une énergie très rock’n’roll à Vichy (Allier)

À cette époque, Internet décolle, et l’e-commerce dans son sillage. Alors responsable de rayon, il passe derrière l’écran, pour mettre en valeur et vendre les produits de la marque. « J’ai commencé comme ça… »
Mais déjà, il a la bougeotte. « J’ai 25 ans, et en parallèle, je décide de monter une marque de guitares, avec un ami. On s’installe dans la cabane de jardin de mes parents, à Orléat. C’était plus simple d’exister en Auvergne dans ce secteur. »
L’aventure Wild Customs est née. Il en sera directeur artistique pendant 10 ans. « Autodidacte. » Entre-temps, la fabrique de guitares déménage dans un atelier à Vichy, rue Salignat.

Et lui aussi emménage dans la cité thermale, avec sa femme, Sandra, « Jésus Sauvage », pour la cohorte de fans qui suivent son travail photographique sur les réseaux sociaux, et ses trois enfants, Lou, Ugo et Marin. « C’est une ville à l’équilibre parfait, citadine et provinciale. »
Et puis vient la rupture avec Wild Customs, en 2018. « Nous n’avions plus la même vision des choses… J’ai pris la décision de partir pour libérer le chemin de la créativité qui se bridait. », L’irrésistible ascension de l’artiste vichyssois SoZQue faire, maintenant ? « Déjà, au sein de Wild, j’avais une pièce aux normes pour tatouer. Donc c’était logique que je développe ça. Je voulais tatouer, mais je voulais aussi montrer les autres cordes que j’avais à mon arc. » Voilà l’avènement de Vichy Venice, son shop du passage Giboin. « À ce moment, Vichy a commencé à me voir exister. » La ville lui propose même de créer une affiche, à l’occasion de Noël. Un carton. Mais Renaud Sauzedde travaille encore à l’ordinateur à cette époque. « Du dessin, j’en avais juste fait pour Wild, et pour des affiches de concerts de mes potes. »

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Trois classes engagées dans un même projet républicain

Vient le Covid. Et son cortège de confinements anxiogènes. Le créatif tourne comme un lion en cage. Et puis c’est le déclic. « Ma femme avait des échantillons de couleurs très jolis. Je ne me sentais pas légitime pour peindre, mais comme j’étais livré à moi-même et que j’avais du temps… « 
Voilà. À quelque chose, malheur est bon, dit la sagesse populaire. En l’espèce, elle ne s’est pas trompée.

 Ç’a été fou. Quand j’ai commencé à peindre, souvent, je me relevais la nuit pour travailler. J’étais possédé. J’ai trouvé mon style tout de suite, avec ces bords noirs. J’ai ressenti comme une libération. Et j’avais un millier d’idées. J’ai peint sur une veste, un jean, une planche de bois, tout ce qui me tombait sous la main.

, L’irrésistible ascension de l’artiste vichyssois SoZEn se « libérant », Renaud perd « complètement l’envie de tatouer. Par respect pour mes clients, j’ai préféré arrêter. » Mais il gagne son nom d’artiste. SoZ. Pause. Il sourit. « Il faut être un peu fou quand même… Je gagnais ma vie avec le tattoo, j’ai commencé quelque chose que je ne savais pas maîtriser, et je me suis dit “c’est ça que je veux faire”. On a l’impression qu’il y a beaucoup d’étapes dans mon parcours, mais en fait, c’est très dilué… »

Ensuite, « j’ai essayé de montrer mon travail très vite. Je suis monté chez Drouot, à Paris, pour une foire annuelle où les galeries paient pour avoir un stand. J’étais le seul indépendant. Je voulais me confronter à l’institutionnel. Et maintenant, je sais comment ça se passe. »
Les habitués de ses réseaux sociaux continuent à le suivre dans cette aventure. Et le bouche-à-oreille fait le reste.

« Je vois les réseaux sociaux de manière positive. Si tu demandes du négatif, c’est ce que tu obtiens. Mais ça laisse beaucoup plus sa chance aux autodidactes comme moi. C’est grâce à eux que j’en suis là. » Il sourit encore. Pas fanfaron pour un sou. Presque gêné, même, de sa popularité grandissante., L’irrésistible ascension de l’artiste vichyssois SoZ

J’ai toujours peur de prendre trop de place. C’est pas mal que j’ai été un peu “révélé” à la quarantaine, ça m’a permis de prendre le temps de m’accepter en tant qu’artiste.

« J’ai toujours eu un peu le syndrome de l’imposteur, et je sais garder les pieds sur terre. J’ai eu la chance de faire mes armes avant. Et j’apprends tous les jours à grandir. »

Fantasque, SoZ ? Artistiquement, sans aucun doute. Mais humainement, l’homme est cadré. Obligé, avec sa grande famille. « Je ne suis pas ce genre d’artistes qui bossent quand ils veulent. J’amène mes enfants à l’école, et ma journée commence à ce moment-là. Mais j’ai une créativité tellement dévorante que ça ne me force pas. » 

Ambassadeur de la culture pop et de l’art de rue, il fait souffler un air de Californie en plein centre de Vichy

Un cadre qu’impose également Ugo, son enfant autiste. « Ça fait partie de mes moteurs, pour mes choix de vie. On ne vit pas comme monsieur tout-le-monde. Quand on est arrivé à Vichy, Ugo avait 3 ans, on s’est rendu compte qu’il ne se développait pas comme son frère aîné. À la maternelle, il ne parlait pas encore. Mais quand le diagnostic a été posé, même si on sent que l’institution est à flux tendu, il a été très bien accompagné. »

Pas une période évidente. « Ugo était petit, on était en plein dans les travaux de notre loft, on était jeunes, pas très argentés… Mais une fois que la pilule est passée, on a tout de suite voulu voir le côté positif. Ugo n’a pas de filtre, pas de codes sociétaux. Et en fait, il est chanceux. Il ne souffre pas, et c’est le plus heureux. On va essayer de suivre son chemin à lui. », L’irrésistible ascension de l’artiste vichyssois SoZAujourd’hui, sur ce chemin, il a trouvé sa place, et son style. Tant et si bien qu’il n’hésite plus à quitter la voie royale pour emprunter les chemins de traverse artistique (lire par ailleurs). Sa patte est claire, son nom n’attend plus qu’à se coller sur les bouches du petit monde de l’art. Renaud Sauzedde le mérite amplement. Il est fier de Vichy, Vichy est fier de lui. Il n’y a qu’à lever la tête, à l’hippodrome, pour le constater. Et il s’exporte. 

À Meaux, l’année dernière, où 40 de ses œuvres ont été exposés. Au festival de street art d’Aurillac, ou à Clermont-Ferrand, en ce moment (lire par ailleurs). « Je me laisse porter, je ne fais pas de démarchage, je préfère qu’on vienne à moi, ça montre qu’on connaît mon univers. »

Mon objectif aujourd’hui, c’est de “sortir” de Vichy artistiquement, j’ai aussi envie d’exister ailleurs. Mais tout en restant ambassadeur de cette ville que j’aime tant.

Le chemin ne sera pas forcément pavé d’or. « Il n’y a pas longtemps, j’ai appelé le Frac Auvergne, pour demander à être reçu, pour échanger avec eux. Je n’ai reçu aucune réponse… Mais si tu attends les institutions derrière toi, ça ne marche pas toujours. »Pas grave. Si on ne lui ouvre pas la porte, son travail passera par la fenêtre. À 42 ans, SoZ trace sa route au Posca. Comme une évidence artistique. Effectivement, ce destin-là était loin d’être écrit. En fait, il était dessiné.

Texte Matthieu Perrinaud

Photos François-Xavier Gutton

, L’irrésistible ascension de l’artiste vichyssois SoZDocteur Renaud, mister SoZ. Drôle d’histoire. « Il y a quelque mois, mon assurance m’a appelé pour me dire que j’étais toujours couvert pour le tatouage, et pas du tout pour la peinture. L’assureur m’a dit “Si vous vous coupez la main droite, vous n’aurez plus de boulot”. » Je lui ai répondu : « Il me restera la gauche. » Et mine de rien, la boutade a infusé. « Dans mon travail, tout est maîtrisé, équilibré, mais j’aime bien le lâcher prise chez les autres. Alors je me suis dit que je pourrais peut-être me libérer en me servant de la main que je ne maîtrise pas. » Aussitôt dit… Renaud prend son pinceau et recommence. Ce nouveau travail, sobrement signé « Renaud », « pour ne pas diluer le message », est visible chez Vichy Venice, passage Giboin, à Vichy.

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