Quel est le menu de « Manger avec les oreilles », un projet artistique et gourmand en Corrèze
Enthousiasme au programme des écoliers de Saint-Pardoux-la-Croisille ce vendredi après-midi. De la gourmandise aussi.
Du jardin partagé, en contrebas de l’école, ils ont ramené betteraves, oignons, blettes et mâche, dont ils ont tiré des encres. À la manière d’aquarellistes, ils s’appliquent à joliment recopier les poèmes qu’ils ont écrits sur leurs légumes et fruits préférés. Des poèmes qu’ils ont enregistrés – les plus timides se sont lancés sans hésiter, apprécie la maîtresse – et qui seront diffusés, en manière d’engrais, dans le potager.
Plus tôt, ils ont accroché, sur la cabane du jardinier, les peintures d’instruments-légumes qu’ils ont imaginés ; ils ont été rassemblés dans un recueil aux jeux de mots et de formes réjouissants, une Macédoine des instruments du jardin de Saint-Pardoux-la-Croisille dont chacun a reçu un exemplaire.
Deux ans de création tous azimuts
C’est devenu une habitude, à Saint-Pardoux-la-Croisille, de laisser libre cours à l’imagination et à la fantaisie. Après avoir créé un Musée éphémère, édifié de Curieux bâtiments et redonné ses couleurs à la Terre, la commune s’est lancée dans un nouveau projet un peu fou : « Manger avec les oreilles ».
Deux ans de création tous azimuts orchestrés par l’association Peuple et Culture (*), encadrés par trois artistes (Jean-Pierre Larroche, Zoé Chantre et Yvan Corbineau) et menés – c’est une première – avec Le Chastang.
« L’idée, résume Jean-Pierre Larroche, c’est de jouer avec le son et la nourriture. Le son pour sa dimension spectaculaire, poétique et un peu imprévisible. La nourriture, parce qu’elle rassemble et interroge ; elle allie le plaisir du sens et une interrogation sur le monde dans lequel on vit. Quand on se penche sur la jonction entre ces deux univers, ça ouvre un monde d’invention poétique. C’est une façon de questionner aussi la notion de territoire. »
Au printemps dernier, deux potagers collaboratifs ont été plantés ; celui du Chastang a été inauguré avec des « discours de légumes », sourit l’artiste. « On aimerait que ces jardins alimentent, au moins en partie, les différents moments où l’on va manger. »
Pique-nique et grand banquet
Le premier de ces moments gourmands est prévu en août, avec un pique-nique doublé d’une balade sonore. Car, précise Jean-Pierre Larroche, « dans les potagers poussent des légumes, mais aussi des sons, de la musique, des enregistrements de récits, etc. Un petit travail documentaire accompagne ce projet. Un recueil de recettes et de souvenirs a commencé, comme une petite bibliothèque locale. »
Le second aura lieu le 15 novembre, dans la salle des fêtes du Chastang : un grand banquet, qui cristallisera toutes les envies, alimenté par une série d’ateliers ouverts à tous, écriture, collectage, bricolage, scénographie… « Comme d’habitude, c’est le chemin qui est intéressant, au-delà du résultat », pose Jean-Pierre Larroche.
« L’idée, après, c’est de se servir de tout ce qui a été accumulé pour le banquet pour imaginer des animations itinérantes. » Le projet courra ainsi jusqu’à l’été prochain, au moins.
(*) Avec le soutien de la DRAC, de la Région et de la Fondation Carasso.
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