Un fossé social abyssal
Les élites façonnent en majeure partie notre système sociétal hyper réglementé, mais à qui cela profite-il le plus ?
« J’aimerais bien commencer plus tôt, nous confia un couvreur en France. Mais je n’ai pas d’ouvriers. Ils veulent tous aller à l’université et avoir un travail en ville. Des bureaux climatisés. Des machines à café. Ce genre de choses. »
Aujourd’hui, nous nous demandons ce que sont ce genre de choses.
Business Insider rapporte :
« Une enquête réalisée en 2021 par Pew Research a interrogé des personnes du monde entier sur ce qui donnait un sens à leur vie. Aux Etats-Unis, seuls 17% ont mentionné le travail comme source de sens. Il s’agit d’un net recul par rapport à la même question posée par Pew quatre ans plus tôt : un tiers des Américains avaient mentionné leur travail comme source de sens en 2017, soit deux fois plus qu’en 2021. Il semble que de plus en plus de personnes aient l’impression que leur travail n’a pas d’importance.
L’universitaire David Graeber a inventé le terme ‘bullshit jobs’ en 2013 pour décrire les emplois dans lesquels, écrit-il, ‘la personne qui les exerce pense qu’ils sont inutiles et que si ces emplois n’existaient pas, soit ils ne feraient aucune différence, soit ils rendraient le monde meilleur’. »
Les élites ont les bons emplois. Elles ont l’argent. Elles ont les belles femmes et les beaux hommes. Et les grandes maisons. Et les grosses voitures. Elles vivent dans les bons quartiers, font leurs courses dans les magasins haut de gamme, vivent plus longtemps et mangent dans les restaurants chics.
Faut-il s’étonner que toutes les mères souhaitent que leurs enfants grandissent et rejoignent leurs cercles ?
La toiture ? Vous pouvez oublier. La plomberie ? C’est sale. L’agriculture ? Quoi, vous voulez vivre en Corrèze ? Les mines ? Vous allez détruire la planète. L’industrie ? Laissez les Chinois faire ; ils transpirent… vous vous souvenez ?
Au fil du temps, les élites « résolvent » de plus en plus de problèmes. La résolution des problèmes entraîne inévitablement l’adoption de directives, de statuts, d’agences et de commissions, ainsi que des droits, des emplois, du pouvoir et davantage de richesses – pour elles-mêmes, bien sûr.
Le fossé qui sépare les élites du reste de la population se creuse alors.
Les élites sont des élites pour une raison : elles ont plus de diplômes, plus d’éducation, plus d’expertise ; elles sont mieux connectées, mieux informées et plus riches. Elles n’approvisionnent pas les rayons de Walmart, elles gèrent sa publicité, son recrutement, son équipe juridique, son développement de produits et son marketing. Elles analysent les chiffres et prennent les décisions.
L’élite occupe les emplois de prestige : juges, architectes, médecins, spécialistes de la politique étrangère, scientifiques, prêtres et ingénieurs. Naturellement, elle gagne plus. Mais une société n’a besoin que d’un nombre limité de juges. Tout comme il n’y a qu’un nombre limité de personnes qui peuvent réussir l’école de médecine.
Par conséquent, à mesure que le nombre de jeunes désireux d’accéder aux classes d’élite augmente, il faut trouver quelque chose à faire pour eux.
C’est ainsi que se crée toute une « deuxième catégorie » de fausses élites qui remplissent les administrations, les universités et les industries de la santé. Ce ne sont pas des professeurs de physique, ni des enseignants qualifiés, des anesthésistes ou des infirmières formées aux urgences. Ce ne sont pas non plus des politiciens élus (dont le besoin est également très limité).
Ce sont plutôt des agents, des inspecteurs, des commis et des gratte-papiers dans une société qui croule sous les décrets, les règles et la paperasserie.
Ils sont des « éducateurs » et non de véritables enseignants. Ils sont des « administrateurs de la santé », et non de vrais médecins ou infirmières. Ils sont des « professionnels de la sécurité », plutôt que de vrais policiers. Ce sont des « artistes », qui dépendent de subventions plutôt que de clients payants. Il existe même tout un groupe de personnes qui se qualifient d’universitaires, alors qu’elles ne font en réalité aucune recherche ou réflexion scientifique. Ce ne sont que des parasites de l’industrie de l’éducation.
Ensemble, ils sont les fantassins de l’empire, formés à l’université, des rabatteurs, des porteurs d’eau et des porteurs pour les vraies élites.
Ils ajoutent à la complexité et aux coûts, en s’occupant de tâches dérisoires, souvent avec des bullshit jobs qui nous ralentissent et nous appauvrissent tous.
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