À Brive (Corrèze), le dessinateur Émile Bravo évoque sa série sur Spirou et Fantasio sous l’occupation
Le musée Edmond-Michelet présente, jusqu’au 27 janvier 2024, une exposition originale intitulée, « Spirou par Émile Bravo, une enfance sous l’occupation », conçue par le centre d’Histoire de la Résistance et de la déportation à Lyon. Le dessinateur était ce semedi 8 juillet à Brive pour le vernissage de l’exposition et deux séances de dédicaces. Tour à tour drôle ou grave, très chaleureux et d’une belle humanité, il a échangé avec ses lecteurs, et a donné quelques clés sur sa façon de travailler.
Une série d’albums plébiscitée même par les historiens
Qu’est-ce que cette exposition représente pour lui ?
» Quelque part, elle légitime mon travail, souligne Émile Bravo. Il s’agit d’une histoire très documentée et c’est chouette de savoir qu’elle a touché même des historiens ; et qu’apparemment, je n’ai pas fait d’erreurs (rires). »
Le dessinateur a travaillé pendant neuf ans sur la série d’albums consacrés à la vie de Spirou et Fantasio durant l’occupation (*). « J’ai mis quatre ans à l’écrire, à la construire et à la dessiner. En amont, il y a eu un gros travail de documentation », confirme-t-il. Emile Bravo a donné à ses lecteurs quelques clés sur sa façon de travailler.
Quelles sont les interrogations qui l’ont guidé dans ce travail ?
» J’ai essayé, objectivement, de vivre l’occupation, en cherchant à faire ce qu’en a fait la majorité des gens pendant cette période, raconte-t-il. C’est-à-dire avec une volonté de survivre sans trop souffrir et non pas de devenir les héros ou les collabos. Mon père, républicain, a fait la guerre d’Espagne et s’est réfugié en France. Il a vécu l’occupation ici. Il m’a dit un jour, quand j’avais dix ans : « Tu sais, quand on réfléchit bien, en fait, c’est grâce à Hitler si tu existes ». Parce que c’est la guerre qui l’a fait venir en France, où il a rencontré ma mère. C’est une réalité, mais, j’ai pris ça comme une affaire personnelle (rires). J’ai découvert avec horreur les images des camps de concentration et me suis demandé comment tout ça était possible. C’est la raison pour laquelle je m’intéresse depuis longtemps à cette période et, à chaque fois, que je rencontrais des personnes qui l’ont vécue, je leur demandais de me raconter leur histoire. Ce qui revenait sans cesse, c’était : « Pendant la guerre, on a eu faim et peur. » Quand j’ai commencé le travail sur Spirou, je me suis dit que c’était peut-être ça qu’il fallait raconter, cette vie quotidienne pendant l’occupation. »
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Comment sort-on d’un tel projet ?Le dessinateur laisse derrière lui l’image d’une belle humanité.
« On sort soulagé, répond l’artiste. Les principaux témoins de cette époque, et notamment de la Shoah dont je parle également, disparaissent et cette série sur Spirou est un témoignage et une manière de toucher les jeunes. Parce que le drame de l’extermination est un terrible drame humain. Si l’on ne veut pas que ça se répète, il faut comprendre c’est qui s’est passé. Dans l’histoire de Spirou, je parle, par exemple, d’un peintre juif, que je traite comme un personnage de bande dessinée. À la fin, on s’aperçoit qu’il a vraiment existé et qu’il a disparu dans les camps comme des millions d’autres personnes. »
(*) Après « Le Journal d’un ingénu » (2009), Emile Bravo a dessiné les quatre volumes d’une mini-série « Spirou, l’espoir malgré tout », considérée comme l’une des bandes dessinées les plus marquantes de la décennie.
Texte : Dragan Perovic
Photos : Stéphanie Para
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