Une concertiste internationale, devenue professeure au Conservatoire, donne son premier récital à Brive
Artiste officielle des pianos Blüthner, la Géorgienne, Nino Modebadze s’est formée à la Schola Cantorum de Paris, sous l’égide de Philippe Entremont et Gabriel Tachino. Elle se produit à l’auditorium du Conservatoire de Brive, ce mardi soir 19 décembre, à 19 heures.
Talent, rigueur, discipline… et précocité. Le roi des instruments est devenu son compagnon pour la vie alors qu’elle n’avait que 4 ans. Nino Modebadze a fait résonner ses premières notes, à mi-chemin entre l’Europe et l’Asie, à Tbilissi en Géorgie, à 4.400 km de Brive. Elle s’est produite pour la première fois sur scène avec un orchestre à l’âge de 6 ans. « J’ai joué le concerto pour piano N° 2, Op. 44 d’Isaac Berkovich, » se souvient-elle. Sur un enregistrement vidéo de l’époque, aux couleurs jaunies, on la voit, volontaire et concentrée, avec un jeu déjà précis et un mouvement fluide.
Installée à Brive depuis peu
« Du côté de ma mère, tout le monde est musicien (ma tante est la directrice de l’école de musique de Tbilissi), alors que du côté de mon père, on est plus scientifique, raconte-t-elle. J’ai essayé de marier les deux approches. Pour être musicienne, il faut avoir un cerveau scientifique aussi. »
Initialement installée à Paris, la jeune femme, concertiste internationale et ambassadrice des pianos Blüthner, a quitté la capitale pour s’installer à Brive il y a peu. « J’ai commencé à donner des cours de piano au Conservatoire au mois d’octobre. Je n’ai pas beaucoup d’élèves, pour pouvoir concilier ce travail pédagogique avec ma carrière artistique. »
Sur les traces de Khatia Buniatishvili
Demain soir, à 19 heures, à l’auditorium du Conservatoire, Nino Modebadze donnera son premier récital en Corrèze. Au programme : des compositions de Mendelhsson et Schumann, mais aussi de Chopin, Scriabine et Prokofiev. Belle, élégante, ambitieuse, à l’image d’une autre Géorgienne, devenue la star internationale du piano, Khatia Buniatishvili. 
Nino Modebadze est arrivée en France il y a 5 ans, à l’invitation de Gabriel Tacchino, un pianiste d’exception, unique disciple de Francis Poulenc.
Nino Modebadze est arrivée en France il y a 5 ans, à l’invitation de Gabriel Tacchino, un pianiste d’exception, unique disciple de Francis Poulenc. Sous son égide, elle a obtenu le diplôme de virtuosité à la célèbre école de musique Schola Cantorum de Paris.
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Formée par le plus célèbre pianiste français vivant
Un autre diplôme, celui de pianiste de concert, lui a été décerné sous la direction de Philippe Entremont, le plus célèbre pianiste et chef d’orchestre français vivant, qui a, à son actif, plus de 6.000 concerts. « Son père a été le directeur du Conservatoire de Brive, raconte Nino Modebadze. Au premier abord, Philippe Entremont est quelqu’un de très rude. Au début, je pensais que je n’allais jamais arriver au bout de cette formation avec lui. Mais, j’ai appris à le connaître. C’est un artiste qui a changé ma vie. Avec Gabriel Tacchino, ils m’ont donné confiance en moi. En Géorgie, j’avais un très bon professeur. Mais, un jour, il m’a dit : “Maintenant tu as beaucoup de concerts. Tu peux travailler seule, tu n’as plus besoin de moi.” Mais, quand on travaille dans son coin, le problème c’est, qu’on n’est jamais sûr de ce qu’on fait. »
À l’âge 20 ans, en concert avec un orchestre symphonique au Mexique
En Europe, son prénom, Nino, a une résonance masculine. « En Italie, avant mes concerts, on pensait que j’étais un homme, sourit-elle. En Géorgie, Nino équivaut à Nina. En France, on m’a proposé de rajouter un “n” pour devenir Ninon, mais avoir une négation à la fin de mon prénom, ça ne m’enchante pas vraiment (rire). »
Les plus beaux moments de sa jeune carrière furent des concerts avec l’orchestre symphonique à Tampico et à Mexico City, en 2018, retransmis en direct à la télévision mexicaine. « J’avais 20 ans. Je ne réalisais pas trop ce qui m’arrivait. J’ai donné sept interviews à autant de chaînes de télévision. Les gens m’attendaient à la sortie de l’hôtel pour des autographes. Cette gloire soudaine était très impressionnante pour quelqu’un qui venait d’un petit pays. » Nino Modebadze a également joué dans des festivals en Espagne, en Allemagne, en Italie et en France.
Entre la virtuosité et la liberté
Avec le temps, la jeune pianiste a développé sa virtuosité, sa liberté de geste malgré la contrainte imposée par une partition. « En concert, si je suis libre, mon public l’est aussi. Je ne parle jamais sur scène, ma façon de communiquer avec mes auditeurs et le compositeur dont j’interprète la partition, c’est la musique. À chaque fois, à chaque concert, je joue aussi mon histoire. »
Et maintenant, le Concours Chopin
Pour les années à venir, la plus grande ambition de Nino Modebadze, c’est de participer au Concours international de piano Frédéric-Chopin à Varsovie, la compétition la plus prestigieuse au monde, qui a lieu tous les cinq ans. « Je me prépare pour ça ! »
Derrière son allure délicate se cache une volonté de fer. La jeune pianiste poursuit son vol. Avec le talent, la rigueur et la discipline en étendard et la musique en reflet de son âme.
Son premier récital en Corrèze. Ce mardi soir 19 décembre, à 19 heures, à l’auditorium du Conservatoire de Brive. Entrée : 10 euros.
Dragan Perovic
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