Corrèze : après les révélations d’un résistant, la recherche des corps a commencé
La forêt de douglas et de mélèzes est bouclée par les gendarmes. Le petit bois crisse sous les outils de débardage. Dans quelques heures à peine, un ballet d’engins haute technologie va débuter. C’est ici, au lieu-dit « Le Vert », à Meymac, en Haute-Corrèze, que s’est ouverte, ce mardi 27 juin, la campagne de recherches visant à retrouver, et identifier, les corps de soldats de la Wehrmacht et d’une Française de la Gestapo.
L’opération, qui devrait durer trois jours, offre un nouveau chapitre aux révélations d’Edmond Réveil. Cet ancien résistant de 98 ans, qui, deux mois plus tôt et après 80 ans de silence, levait le voile sur le plus lourd secret du mouvement de résistance intérieure des FTP (Francs-tireurs et partisans) de la ville : l’exécution sommaire, le 12 juin 1944, de quarante-sept soldats allemands et d’une jeune Française accusée de collaboration. « Aucun groupe de résistants ne pouvait les garder, nous-mêmes ne savions pas qu’en faire… », confiait alors au Point, l’ancien maquisard.
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Un témoignage rare, qui venait bousculer le récit mémoriel de cette commune de 2 500 habitants – haut lieu de la résistance française – et agiter la presse internationale. Jusqu’à mobiliser autorités françaises et allemandes et déclencher, ce mardi de juin, une opération de recherche placée sous l’égide de l’Onac (Office national des anciens combattants) et du VDK (Volksbund Deutsche Kriegsgräberfürsorge), association d’entretien des sépultures allemandes créée après-guerre.
Technologie
« Ici, la Jeep. Là, le tricycle… », expose Alexandre de Bordelius, délégué France du VDK, aux côtés des deux petits engins : « Ils sont munis de géo-radars magnétiques qui permettent de mesurer la pression, l’acoustique et estimer, jusqu’à huit mètres de profondeur, si le sol a été modifié et pourrait, ou non, accueillir une fosse », explique-t-il, tandis qu’ils s’apprêtent à ratisser le périmètre (200 x 50 mètres) indiqué par l’ancien résistant et corroboré par le témoin oculaire d’une première exhumation, entreprise à la fin des années 1960 et lors de laquelle onze corps étaient sortis de terre.
Une technologie éprouvée – le VDK exhumant les corps de 10 000 à 20 000 soldats dans le monde, chaque année. À condition de connaître le contexte. « Se replonger dans l’époque reste indispensable à la bonne conduite des opérations », indique Arne Schrader, chargé des exhumations pour l’association. « On pense, par exemple, au matériel mis à disposition des prisonniers, aux témoignages indiquant qu’ils auraient creusé leurs propres tombes – ce qui laisse entendre qu’elles seraient peu profondes… »
Devoir moral
« Ce qui est aujourd’hui une zone boisée n’était en 1944 qu’un secteur de landes », rappelle, à ce titre, le préfet de Corrèze, Étienne Desplanques, sous l’autorité duquel sont conduites les opérations. Un paysage transformé, qui « pourrait venir compliquer les recherches, tant pour le travail de détection que pour les fouilles », abonde Alexandre de Bordelius, du VDK : « Il arrive que des squelettes se trouvent entremêlés aux racines des arbres. Parfois, on ne peut rien… »
Qu’elles s’avèrent ou non concluantes, ces recherches « s’imposaient », confirment toutefois, le préfet de Corrèze et le maire de Meymac, Philippe Brugère. « Nous sommes tenus juridiquement de rendre les corps à l’Allemagne lorsque nous en trouvons, fait valoir le premier. Et avons, au-delà, un devoir moral à l’égard de son peuple, auquel nous lie une relation d’amitié ». Et d’inviter à la prudence : « Si l’existence de cette exécution ne fait aucun doute, le succès de l’opération est incertain, des zones d’ombre demeurent et la présence de ces corps sur place repose encore sur une déduction. »
Fouilles
Une hypothèse dont ne s’encombrent pas les curieux. Certains d’entre eux – convergeant vers le lieu-dit, plus ou moins bien intentionnés – ont poussé le maire Philippe Brugère à prendre des arrêtés interdisant l’accès à la zone. « C’est classique, souvent des fouilles officieuses visent à sortir de terre du matériel militaire (un casque, un bouton d’uniforme…) La démarche, souvent mercantile, est non seulement une atteinte à la dignité, mais peut mettre à mal nos recherches », précise le chargé des exhumations pour le VDK, Arne Schrader.
À ses pieds, une gerbe de fleurs déposée à même la terre, par le VDK. Prématuré ? « Qu’on trouve ou non leurs corps, des personnes sont tombées ici, exprime-t-il sobrement. C’est notre manière, dans la routine de notre travail, de se le rappeler… » Deux ou trois semaines seront nécessaires pour déterminer si les signaux détectés par les géo-radars justifient des recherches complémentaires. S’ils s’avèrent probants, des exhumations seront entreprises dès le mois de juillet.
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