Tourisme en Corrèze : la vallée de la Vézère à pied ou en train
On associe généralement la rivière Vézère au département de la Dordogne, parce qu’elle y est classée au Patrimoine mondial de l’Unesco. C’est oublier qu’elle prend sa source dans les tourbières de Longeyroux à Meymac sur le plateau de Millevaches en Corrèze et qu’elle y trace les deux tiers de son parcours. C’est aussi là qu’elle y est le plus tumultueuse, notamment dans les gorges entre Vigeois et Le Saillant. Mais il n’y a pas de route pour la longer et la forêt a progressivement repris ses droits sur des terres qui servaient à faire pâturer les bêtes jusqu’au début du XXe siècle. Il faut donc abandonner sa voiture et emprunter le GR 46 pour l’approcher au plus près. Ou choisir le train. C’est l’option retenue par le Pays d’art et d’histoire Vézère Ardoise, structure labellisée par le ministère de la Culture en 2001, qui propose à la belle saison une originale visite au départ d’Allassac jusqu’à Uzerche puis retour. Deux heures pour comprendre la topographie et se faire une idée des travaux qui se sont avérés nécessaires pour permettre le passage du train à la fin du XIXe.
Réenchanter la pierre
En coulant vers le sud-ouest, la Vézère rencontre plusieurs bourgs dont le patrimoine remonte au Moyen Âge, avec quelques pépites comme Allassac, à une demi-heure au nord de Brive-la-Gaillarde. Le destin de ce village fortifié, situé sur la faille ardoisière à la limite du bassin de Brive et des bas plateaux limousins, est lié à ce matériau. Les ardoises taillées à la main en coiffent toujours les bâtisses. Elles étaient déjà utilisées comme pierre et servirent à bâtir l’église et la tour César aux XIIe et XIIIe siècles.
Il faut abandonner sa voiture et emprunter le GR 46 pour approcher au plus près de la Vézère
« Les carrières d’Allassac et Travassac, toujours en fonctionnement aujourd’hui, sont identifiées à partir du XVIIe siècle », signale Wilfried Leymarie, chef de projet au Pays d’art et d’histoire. L’activité connaîtra son âge d’or grâce à l’arrivée du train en 1893. En permettant l’électrification du bourg du Saillant, la première usine hydroélectrique simplifie les tâches d’extraction et les ardoises voyagent jusqu’à Paris. Le pont du Saillant, qui délimite la frontière entre Allassac et Voutezac, date de la fin du Moyen Âge. Doté d’avant-becs (partie profilée en amont d’une pile de pont) pour diviser le courant, il est lui-même bâti en pierre d’ardoise mêlée de morceaux de grès lie-de-vin.
Si le château, une forteresse médiévale avec douves réaménagée en grosse demeure bourgeoise au XVIIIe siècle, en est l’élément le plus imposant du bourg du Saillant, c’est surtout la chapelle castrale qui se révèle remarquable. Elle est ornée de vitraux dessinés par Marc Chagall, qui lui ont valu son classement aux Monuments historiques. Ils ont retrouvé leur place en 2022 après une phase de rénovation. Il s’agit d’ailleurs des derniers posés du vivant de l’artiste, entre 1978 et 1981, mais qu’il ne sera jamais venu voir in situ. Une histoire peu ordinaire née de la rencontre dans les années 1970 entre les châtelains, Isabelle et Guy de Lasteyrie du Saillant, passionnés d’art et de culture, et l’auteur du plafond de l’Opéra de Paris. Au soir de sa vie, après un premier refus, il accepte finalement de réaliser pour la chapelle un vaste vitrail d’un extraordinaire bleu en fond de chœur pour évoquer les quatre éléments, quatre grisailles latérales retraçant des scènes de pêche, élevage, travaux agricoles et de vendanges, et enfin un magnifique oculus composé de deux bouquets de fleurs.
La chapelle du Saillant est ornée de vitraux dessinés par Marc Chagall
L’église Saint-Martial d’Orgnac, à quelques kilomètres de là, se distingue aussi par ses vitraux travaillés et posés en 2013 par l’artiste peintre coréen et père dominicain Kim En Joong. Il confie avoir voulu, par son choix de couleurs et de motifs non figuratifs, « faire chanter les pierres ».
Vigeois, village bâti à flanc de coteau surplombant la Vézère, peut également s’enorgueillir de son ancienne abbatiale classée aux Monuments historiques depuis 1886, pourvue d’un notable portail roman et de très beaux chapiteaux ouvragés. À Saint-Viance, à la lisière du bassin de Brive, l’église a souffert au début du XXe siècle des razzias menées par la bande à Bonnot, qui, écumant le secteur, y a dérobé une châsse reliquaire du XIIIe. Retrouvée au fil du temps morceau par morceau, elle est actuellement en cours de restauration par le Mobilier national.
Un vignoble ancestral
« Le vignoble corrézien fut en son temps très réputé, puisque sa surface s’élève au XIXe siècle à pratiquement 17 000 hectares, soit l’équivalent du vignoble alsacien actuel », rappelle Wilfried Leymarie. Dès le VIe siècle, il est fait mention de vignes sur 17 paroisses du bassin de Brive, dont Allassac. Sur les coteaux, les pentes sont supérieures à 20 % et au XVIIIe siècle, les terrasses y rainurent le paysage. Le vin est envoyé en quantité dans les départements voisins jusqu’à ce que la vigne soit décimée par le phylloxéra à partir de 1886. De nombreux viticulteurs se reconvertissent alors dans les fruits et légumes ou l’ardoise. Jusqu’aux années 2000.
L’exploitant agricole Michel Breuil est l’un de ceux à avoir fait revivre le vignoble en s’associant à Hélène Pommepuy et Céline Vergne pour mettre en culture, dans la veine schisteuse et ardoisière qui domine la vallée, quelque 3,5 ha. Ils donnent des vins rouges, blancs et rosés commercialisés sous le nom Chant d’ardoise. Ils se sont également attachés à reconstruire progressivement, via une association d’insertion, les terrasses médiévales en pierre sèche sur 200 mètres de dénivelés, pour y replanter des pieds de vigne à vocation pédagogique. Un moyen de renouer avec la riche histoire de ce petit morceau de Corrèze plutôt méconnu.
Festival de la Vézère
Ce festival, fondé par Isabelle du Saillant et désormais placé sous la conduite de sa fille Diane, déroule cette année
sa 42e édition, du 5 juillet au 12 août, avec une vingtaine de concerts et spectacles dans les plus beaux sites du patrimoine corrézien. Dont le château de Comborn, ancienne forteresse du IXe siècle reconnaissable à ses trois tours en pointe, ouverte à la visite l’été. Au programme, orchestre, récital de piano, formation jazz avec artistes confirmés de la scène classique et jeunes talents ou encore concert-lecture… Avec en point d’orgue un week-end opéra qui se tiendra les 4 et 5 août au château du Saillant.
CARNET D’ADRESSES
A voir, à faire
Animations
Le Pays d’art et d’histoire Vézère Ardoise propose de multiples animations pendant les vacances scolaires : visites en train ou théâtralisées, escape game autour de l’histoire locale, spectacles ou expositions itinérantes, visite du barrage du Saillant.
Manoir des Tours, 24, rue de la Grande-Fontaine, 19240 Allassac. Tél. 05 55 84 95 66.
Les moustachuts
À Saint-Viance et Voutezac, les moustachuts, des ambassadeurs locaux, font découvrir leur village l’été à certaines dates.
Le chemin des vignes à Allassac
Un tracé balisé permet de parcourir ce vignoble planté sur le coteau au début de la plaine de Brive-la-Gaillarde à la sortie des gorges de la Vézère, avec une vue magnifique sur les collines environnantes de Voutezac, Yssandon et Ayen. 5 kilomètres, deux heures, dénivelé de 200 mètres.
Où dormir et manger
L’Auberge de Saint-Viance
Cet hôtel-restaurant a longtemps été connu pour y accueillir Charles Aznavour, qui y avait sa chambre attitrée. Totalement redécoré par Olivier Bernard et Laurent Degas depuis sa reprise en juin 2021, l’établissement classé 3 étoiles offre 6 confortables chambres d’un bon rapport qualité-prix, avec jacuzzi. Chambres à partir de 82 € et petit déjeuner 12 €.
23-25, rue du Pontel, 19240 Saint-Viance. Tél. 05 55 85 15 53
Ici les produits de saison et du terroir sont cuisinés avec générosité, dans le droit fil de la tradition. Au menu, tête de veau, filet de canette ou quasi de veau limousin. Formule du midi 22 €, 30 € le dimanche. Du mardi au dimanche midi ainsi que le vendredi et samedi soir.
15, avenue Jean-Carriven, 19240 Allassac. Tél. 05 55 86 31 41.
A goûter
Les tourtous
Le marché d’Allassac donne de la vie au centre-bourg le vendredi matin : goûtez-y les tourtous, ces galettes de sarrasin typiquement corréziennes servies tièdes généralement tartinées de rillettes de canard.
Le boudin noir aux châtaignes
De la Maison Giraud, face à l’église du Vigeois, il est élaboré avec du porc cul noir local. Le Bourg, 19410 Vigeois. Tél. 05 55 98 92 56. Ouvert tous les jours sauf le lundi.
Du vin corrézien
Au caveau de l’association Les Amis du pont du Saillant. Ouvert toute la journée la semaine, sur RDV le week-end.
Tél. 06 48 39 11 24. Le Saillant, 19130 Voutezac
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