, une initiative pour cultiver son esprit critique

une initiative pour cultiver son esprit critique

S’interroger à son rapport aux médias, ses biais cognitifs et sa capacité à trier l’information… Depuis 2022, le Printemps de l’esprit critique, organisé par Universcience, l’Établissement public du Palais de la découverte et de la Cité des sciences et de l’industrie, proposent deux semaines d’événements, d’ateliers, de conférences et de formations pour sensibiliser à l’importance de l’esprit critique.

Pour sa troisième édition, qui débute ce 21 mars jusqu’au 3 avril, le Printemps devient national avec une cinquantaine de participants partout sur le territoire, acteurs de la culture scientifique et de l’éducation aux médias. La plupart d’entre eux ont intégré des focus sur l’intelligence artificielle, thématique de cette année. Il s’articule autour de deux axes : un outil de connaissance et de mesure – le Baromètre de l’esprit critique – et une programmation avec des formats multiples, entre ateliers, débats et expositions dédiés à un large public. Le point avec Bruno Maquartprésident d’Université.

Cette année aura lieu la troisième édition du Printemps de l’esprit critique. Pourquoi consacrer un événement à ce sujet ?

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Bruno Maquart, président d’Université

L’esprit critique est l’un des piliers du projet d’établissement d’Universcience. Il répond au paradigme informationnel contemporain marqué par la surabondance, la dérégulation – à l’heure où les institutions habituelles comme les médias n’ont plus le monopole de l’information – et enfin par l’horizontalisation du dialogue, liée aux nouvelles formes de communication et aux médias sociaux en particulier. D’où l’importance croissante de promouvoir l’esprit critique, c’est-à-dire la capacité à prendre conscience des biais cognitifs, à trier et à qualifier l’information, afin de construire sa propre opinion dans cet océan d’ informations dans lesquelles nous sommes immergés.

Par ailleurs, il existe un lien fort entre l’esprit critique et la culture scientifique, dont nous sommes les promoteurs. La démarche expérimentale est une manière de développer l’esprit critique, qui a en retour besoin d’être nourri de science. Car sans de solides bases scientifiques, on peut douter de tout, tout remettre en question, tout relativiser, voire tomber dans le complotisme…

Justement, face à la surabondance informationnelle que vous évoquez, l’esprit critique apparaît souvent comme une forteresse assiégée. Est-il menacé ?

Il faut se méfier des préjugés et ne pas tout voir en noir. Dans le Baromètre de l’esprit critique de l’an dernier, on a vu que nos concitoyens sont assez ouverts sur ces questions puisque près de trois Français sur quatre disent avoir l’esprit critique et 77 % pensent qu’il est important de remettre en question les croyances traditionnelles avec des preuves logiques et rationnelles, ce qui est une très bonne base. Près de 78 % consultent beaucoup d’opinions différentes avant de se faire une idée et 80 % répondent qu’une affirmation à plus de valeur si elle a été validée scientifiquement. Donc je ne dirais pas que l’esprit critique est même menacé mais que la façon dont on doit construire une opinion change car le monde lui-même change.

Quels sont les autres enseignements du Baromètre ?

En rentrant dans le détail, on trouve des disparités de genre, de catégorie socio-professionnelle et de lieu de vie. Si on regarde par exemple le profil des 15 % de sondés les plus éloignés de l’esprit critique, on découvre une population plus féminine, plus issue des petites villes et de catégories socio-professionnelles populaires que le reste du panel, avec un niveau de diplôme plus faible. Cela pointe par exemple l’importance de mener une action en direction de tous les territoires, comme l’a souligné la ministre de la Culture. C’est ce que fait Universcience avec deux outils d’action territoriale, Science Actualités – des expositions régulièrement mises à jour sur l’actualité scientifique que nous mettons gratuitement à disposition des opérateurs publics – et le Fab Lab à l’école, un dispositif d’éducation culturelle qui met à disposition d’école partenaires un fab lab complet pour développer la culture technique et l’apprentissage par le faire.

Enfin, attention aux angles morts ! Seuls 14 % des Français se méfier de leurs propres intuitions, le premier de nos biais cognitifs. Cela veut dire que 86 % ne s’en méfient pas ! Il faut donc le rappeler à tous si l’on veut raisonner de manière utile. Cultiver l’esprit critique, c’est cultiver l’esprit citoyen participatif. Tout le monde a la possibilité de participer au débat public. La conclusion, c’est qu’il faut développer l’information sur les biais cognitifs et le Baromètre est pour nous un instrument d’action privilégié.

Comment je sais ce que je sais
est la base de l’esprit critique

Pour la première fois, l’événement prend une ampleur nationale avec une cinquantaine de participants sur tout le territoire. Voyez-vous cela comme une marque d’intérêt croissant pour ce sujet ?

L’esprit critique est un sujet qui concerne tout le monde – enseignants, familles et professionnels – car il doit être cultivé dès le plus jeune âge et ensuite tout au long de la vie. Quand nous avons eu l’idée de proposer à d’autres de s’associer au Printemps de l’esprit critique, nous sommes dit qu’il fallait aussi mobiliser les bibliothèques qui ont un lien de proximité privilégié avec la population. Les réseaux sollicités ont répondu massivement et nous avons été dépassés par le succès !

Ce qui est intéressant, c’est qu’on s’embarque dans un combat culturel au service de l’information une grande pluralité d’acteurs, au-delà des bibliothèques ou des musées et centres de sciences, des établissements d’enseignement supérieur et de recherche, des ONG … Cela montre que c’est un thème fédérateur qui réunit des opérateurs culturels et sociaux engagés, bien au-delà de notre prescrit habituel d’activité. Tous ces acteurs ont envie de faire collectivement une œuvre utile au service de l’esprit critique. C’est cela qui est très joyeux !

Nous sommes, ensemble, capables d’irriguer le territoire et d’être présents partout, dans les grandes villes comme celles de plus petite taille. L’idée est de s’adresser à chacun et à tout le monde, de n’exclure personne. La richesse de ce Printemps, c’est qu’il y a plusieurs manières de parler de ce sujet et vous avez autant de propositions intéressantes que d’acteurs mobilisés.

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Côté Universscience, la Cité des sciences et de l’industrie propose un parcours spécial Esprit critique et intelligence artificielle. Comment avez-vous construit ce parcours et à quoi doit s’attendre le public ?

Trois thématiques permettent d’entrer dans le sujet. La première est la définition d’un biais cognitif et argumentatif. La deuxième est la distinction entre une fait et une croyance et la troisième, l’éducation aux médias et à l’image. Les contenus proposés se réfèrent à des exemples de la vie quotidienne autour de l’intelligence artificielle. Il y aura donc des médiations courtes, des ateliers dynamiques qui invitent à s’interroger sur la perception de l’intelligence artificielle et sa compréhension avec une idée fil rouge : comment je sais ce que je sais, qui est la base de l’esprit la critique.

L’apparition de l’intelligence artificielle (IA) et notamment son rôle dans la production de l’information est donc au cœur de cet événement. Comment avez-vous choisi d’aborder ce sujet ?

En parallèle du Printemps, nous avons produit, avec le Quai des Savoirs l’exposition « IA : Double Je » sur l’intelligence artificielle, qui est montrée à Toulouse jusqu’au 3 novembre prochain et sera présentée l’an prochain à Paris. Ensuite, chaque année, le Baromètre de l’esprit critique propose, outre les questions permanentes liées à ce sujet, une thématique commune en lien avec l’actualité. En 2022, nous traitons de la crise sanitaire, en 2023, de la compréhension du réchauffement climatique. Cette année, l’émergence spectaculaire des IA génératives comme ChatGPT nous a conduit à proposer l’IA comme fil rouge.

Ce thème mobilise tout le secteur de la culture scientifique et va continuer à être exploré dans les années qui viennent. Comme pour toutes les nouvelles technologies, Universcience propose une vision qui n’est ni technolâtre, ni technophobe. Nous voulons donner à chacun les moyens d’être libre et de se faire une opinion. Ce que l’on pratique, c’est la mise en démonstration et en débat des nouvelles technologies ; le Printemps comme le Baromètre participant à cette démarche.

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