, Brancusi artiste universel… et roumain

Brancusi artiste universel… et roumain

, Brancusi artiste universel… et roumain

Publié le 21 déc. 2023 à 16:00

Longtemps Timisoara ne sonnait pas comme un nom familier aux oreilles du public international. Puis en décembre 1989, la cité multiculturelle de Roumanie devint synonyme de l’horreur lorsqu’on crut y découvrir un charnier créé du temps du règne despotique de Nicolae Ceausescu. Puis on s’aperçut que des cadavres avaient été déterrés du cimetière des pauvres pour créer une colossale fake news. 24 ans plus tard le monde s’est métamorphosé, les fake news pullulent et Timisoara est célébrée pour une bien meilleure raison. Elle est capitale européenne de la culture.

Le point culminant de l’évènement dans cette ville qui tient de l’esprit impérial autrichien par ses bâtiments colossaux et ses grandes places, est une exposition consacrée au plus illustre enfant du pays en matière artistique : Constantin Brancusi (1876-1957). En mars 2024 à Paris, le Centre Pompidou lui consacrera une grande exposition avant sa fermeture pour cinq ans. En attendant, ce qu’on peut voir à Timisoara d’ici le 28 janvier est remarquable. Ce n’est pas la première fois que la Roumanie accueille une exposition Brancusi. Si l’artiste a été un temps honni par le régime communiste, dès 1956 il a bénéficié d’un retour symbolique au pays avec un premier hommage qui lui était rendu.

Goût de l’épure

Voici la version 2023 du retour de l’enfant prodige, l’artiste de Montparnasse. L’opération est orchestrée par une grande spécialiste du sujet, l’historienne Doina Lemny. Elle donne de nouvelles perspectives. Et d’abord sur la roumanité de Brancusi. Ou comment l’un des plus illustres sculpteurs du XXe siècle, au début et à la fin de sa carrière, crée pour son pays natal et est inspiré par lui. Cette préoccupation va de pair avec le goût de l’artiste pour l’épure.

Dès 1907, il crée un ensemble funéraire à Buzau dans l’est du pays. On y voit une femme nue à genoux, en bronze, constituée en une seule ligne qui suit un quasi angle droit. En 1938 il dessine un monument hommage aux jeunes victimes de la première guerre mondiale à Targu Jiu dans la région d’Olténie, la fameuse colonne sans fin, une suite de formes losangiques, haute de 30 mètres qui démontre son désir de tendre vers le ciel : sa quête d’absolu. En fait ce dessin devenu une icône de sa création serait inspirée par une simple visse de pressoir.

A Timisoara, seulement 22 sculptures ont fait le voyage mais elles sont amplement documentées par des archives, des dessins et surtout des photographies. Brancusi avait une acception large de son oeuvre. Les socles faisaient partie de la création des formes. Idem pour son atelier, impasse Ronsin (*) dans lequel il disposait ses créations, conçu comme une installation d’art total. Jusqu’à il y a quelques semaines l’atelier reconstitué était visitable dans un petit bâtiment situé tout près du Centre Pompidou. Il est désormais fermé. A la réouverture du lieu l’atelier sera intégré aux collections permanentes.

Premier « Baiser »

Brancusi avait des idées précises sur la disposition de ses sculptures dans l’espace. Il les immortalisait grâce à la photographie, qu’il considérait comme un art aussi. D’ailleurs il n’autorisait personne, à part lui, à prendre ses oeuvres. C’est en travaillant dans l’atelier de Rodin pendant quatre mois seulement qu’il a découvert la photo. Quant à la sculpture, sa fréquentation du père du Penseur l’inspire au point de prendre un chemin tout à fait opposé. Il prononcera à cette occasion une phrase qui passera à la postérité : « Rien ne pousse à l’ombre des grands arbres ». C’est ainsi qu’il va créer son premier « Baiser », « en sculptant directement dans la pierre contrairement à Rodin » explique Doina Lemny.

Il va exécuter les différentes versions du « Baiser » sur une période de 40 ans. Les deux bustes de personnages qui le constituent sont réalisés dans un esprit quasi grotesque. C’est l’expression de la fusion que l’artiste veut privilégier. Ils s’emboîtent littéralement pour former un rectangle. Plus tard une autre version sensuellement plus explicite sera placée sur la tombe d’une jeune fille Tania Rachewskaïa, au cimetière du Montparnasse. Malheureusement ce chef-d’oeuvre est aujourd’hui caché sous une boîte par décision des héritiers de la jeune fille.

En 1945 le sculpteur crée sa seule pièce politique : « Borne frontière » dans laquelle les deux amoureux cubiques sont intégrés dans une colonne. « A cette date la Roumanie avait perdu deux territoires la Moldavie et le Sud-Bucovine. L’allusion était claire » explique la commissaire. L’exposition, si elle s’arrête particulièrement sur les sources locales du maître, permet aussi une véritable plongée dans ce que Brancusi appelait « la pureté universelle » de ses formes.

(*) Les amoureux de l’histoire de Paris seront bien déçus de savoir qu’il ne reste rien du passage Ronsin, alors qu’il a accueilli tant d’artistes, comme Brancusi mais aussi Niki de Saint Phalle ou Jean Tinguely. On y trouve une voie déserte qui mène à la morgue d’un hôpital.

Brancusi. Sources roumaines et perspectives universelles.

Exposition

Roumanie, Musée national d’art de Timisoara

mnart.museum

Jusqu’au 28 janvier.

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