La polémique autour d’Izïa, « symptôme de la crispation délirante que connaît la France
« Je suis bien désolée que cela ait été mal interprété, décontextualisé. A aucun moment évidemment, je n’ai voulu inciter à la violence ou à la haine », s’est défendue Izïa auprès de nos confrères de Ouest-France, lundi. Un mea culpa suffisant pour éteindre la controverse suscitée par le scénario de lynchage d’Emmanuel Macron qu’elle a imaginé sur scène jeudi ? A priori oui. Son concert, prévu le 13 juillet à Marcq-en-Barœul (Nord) a été annulé mais, pour l’instant, aucune autre date n’est remise en cause.
Les organisateurs des Francofolies de La Rochelle (Charente-Maritime) ont confirmé qu’elle se produirait bien ce mercredi, comme prévu. La chanteuse, l’une des plus programmées des festivals d’été cette année, sera ensuite à l’affiche des Escales du Cargo à Arles (Bouches-du-Rhône), le 21 juillet, du Festival de Brive (Corrèze) le 22 ou de la Foire aux Vins de Colmar (Haut-Rhin), le 3 août. En tout, une douzaine de dates sont à son agenda d’ici au 15 septembre.
« La plus embêtée dans l’histoire, c’est elle »
« Pour être quelqu’un de passionnée, elle n’en est pas moins quelqu’un de raisonnable », avance à 20 Minutes le journaliste et spécialiste de la chanson française Bertrand Dicale. « La plus embêtée dans l’histoire, c’est elle, pas le président de la République », poursuit-il, estimant qu’« elle ne risque pas grand-chose » d’un point de vue judiciaire pour sa tirade polémique.
Jeudi, lors d’un concert à Beaulieu-sur-Mer (Alpes-Maritimes), elle avait prêté des velléités masochistes à Emmanuel Macron. « Je le connais, quelle coquine celui-là [sic]. Il s’est dit : « Là, ce qui serait bien, je pense que ce que le peuple veut, ce dont le peuple a envie, c’est qu’on m’accroche à 20 m du sol telle une piñata humaine géante », et qu’on soit tous ici présents munis d’énormes battes avec des clous au bout comme dans [Orange mécanique] ». Elle décrivait ensuite le passage à tabac : « Dans un feu de Bengale de joie, de chair vive et de sang, on le foutrait à terre, mais gentiment tu vois… »
Le parquet de Nice a ouvert une enquête pour « provocation publique à commettre un crime ou un délit » et cette infraction peut être punie de cinq ans d’emprisonnement et de 45.000 euros d’amende. Le juriste Nicolas Hervieu a cependant affirmé à BFMTV qu’Izïa étant une artiste, « cela rentre dans le cadre du spectacle, où la liberté d’expression est protégée ».
A ne « surtout pas prendre au premier degré »
« Cela reste une histoire fantasmée, un moment partagé d’esprit libre, artistique. Ce n’est pas dirigé dans quelque direction que ce soit », a expliqué la chanteuse à Ouest-France, enjoignant à ne « surtout pas prendre au premier degré » ce qu’elle envisageait comme « un liant improvisé et surréaliste entre deux titres qui parle de tout et de rien ».
Pour Bertrand Dicale, « la forme poétique, extrême, complètement délirante », des propos d’Izïa, « reflète une partie de la société ». Et de faire allusion à une polémique du mois de février : « A partir du moment où un député pose avec le pied sur un ballon représentant la tête d’un ministre [Olivier Dussopt] et où un certain nombre de députés dit que tout cela est tout à fait banal, que c’est une tradition française que de pendre ou brûler un mannequin à l’effigie du président de la République, il n’est pas étonnant que dans la société ou sur une scène quelque chose comme cela survienne. Ce qui est plus surprenant, c’est que cela vienne d’Izïa. »
L’expert musical, qui cet été chronique les chansons d’amour sur Franceinfo, souligne qu’il est rare qu’un chanteur ou une chanteuse aussi grand public tienne de tels propos. « Là, on est face à une artiste participant à des festivals d’été qui sont en partie financés par les mairies, les communautés d’agglo, les départements. On est dans une dissonance qu’on prendra plus comme le symptôme de la crispation délirante que connaît la France actuellement que comme quelque chose d’autre. »
« Une société de postures »
« La venue à Marcq-en-Barœul de cette artiste, pour un concert public, gratuit et familial serait en contradiction avec les valeurs de rassemblement qui prévalent lors de notre Fête nationale », avait déclaré dimanche le maire de la ville à La Voix du Nord. « Je ne crois pas que les Marcquois aient envie de légitimer un tel délit », avait tweeté la députée Renaissance Violette Spillebout.
Les soutiens à Izïa se sont aussi fait entendre. « C’est drôle que, là, personne ne veuille séparer la femme de l’artiste », avait posté sur Twitter la députée écologiste Sandrine Rousseau. Ce lundi, le journaliste Olivier Lamm écrivait dans un billet pour Libération : « Notre époque ne supportant pas la moindre expression de sédition venue du camp d’en face, tout en fantasmant en permanence une insurrection qui irait dans son sens, n’a plus les yeux en face des trous à ne plus tolérer, voire embrasser ces embrasements cathartiques tout ce qu’il y a de plus normaux et légitimes, dont la raison d’être est précisément d’être excessifs, injustes, insurrectionnels. Ils sont de la culture, et de l’oxygène, dont on risquerait énormément à se priver. »
« Il n’est pas inattendu que devant de tels propos certains se raidissent et que d’autres hurlent au fascisme en disant : « On veut faire taire les artistes ! », note Bertrand Dicale. On est dans une société avec énormément de postures. »
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