, Quand le cinéma explore la psyché des artistes

Quand le cinéma explore la psyché des artistes

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C’est la saison du cinéma. Pour s’y réfugier durant la froidure. D’ailleurs, en décembre, avant les Fêtes, plusieurs bons films gagnent les écrans. Des portraits de créateurs entre autres. J’ai nommé Maestro de Bradley Cooper, sur le compositeur et musicien américain Leonard Bernstein, qui a enfanté dans la fièvre des sons de modernité inoubliables. Aussi Caravage de Michele Placido sur la vie du maître italien du baroque et du clair-obscur dans sa Renaissance encore enténébrée. Ce révolutionnaire de la peinture au tempérament bouillant, qui puisait ses modèles religieux chez les miséreux et les prostituées, avait tué un homme en duel et subit longtemps le sort des proscrits.

Ces deux créateurs d’exception vivaient une bisexualité hors des clous, dangereuse au XVIe et au XVIIe siècle, compromettante au milieu du XXe. L’un et l’autre furent des êtres plus grands que nature, ardents, séduisants, amoureux, inspirés, créatifs jusqu’à la moelle.

On parle de deux films stylistiquement aux antipodes, mais réussis. Maestro, de facture classique, se voit porté par les performances exceptionnelles de Bradley Cooper et de Carey Mulligan, par la musique du maître, son humanité transcendante, par une réalisation élégante. Ceux qui ont connu le compositeur de West Side Story mort en 1990 attendaient de pied ferme ce biopic, pour comparer Bernstein et son double. Sur Le Caravage, le temps aura passé. À lui, ce film sombre, puissant, charnel, dépeignant entre Rome et Naples une époque sanglante et ambiguë. Saluy aux formidables Riccardo Scarmarcio en peintre maudit et Louis Garrel en grand inquisiteur glacial !

Les biopics de vies d’artiste sont des exercices périlleux, qui ratent parfois leur cible. Tous invitent le spectateur à plonger dans les oeuvres des héros mis en scène. Mais comment rendre à l’écran le talent, ses sources et leur fermentation alchimique ? Comment montrer les doutes d’un créateur en transmission d’images, de formes, de sons lumineux présents en lui ? Des dimensions occultes peuvent échapper aux cinéastes. À moins qu’ils ne les saisissent par intuition, usant de métaphore, d’humour, de poésie, qu’ils ne percent le voile des clichés, des légendes entourant le génie créateur. Les amours des plus grands artistes tassent souvent au cinéma leurs quêtes de perfection, moins accessibles. La fiction romanesque s’en mêle. Qu’importe ? On traque les signes des grands envols.

À chacun ses oeuvres fétiches sur des artistes phares, de l’Amadeus de Milos Forman au Van Gogh de Maurice Pialat, en passant par Camille Claudel de Bruno Nuytten. Certains ne jurent que par Basquiat de Julian Schnabel, portrait envoûtant du jeune graffiteur et peintre prodige new-yorkais. D’autres par La vie en rose d’Olivier Dahan sur la chanteuse française Edith Piaf, qui valut à Marion Cotillard son Oscar. Sur la vie du compositeur du Lac des cygnes, je garde en moi deux oeuvres différentes et complémentaires ; La symphonie pathétique de Ken Russell et La femme de Tchaïkovski de Kirill Serebrennikov. Le musicien russe s’y dérobait dans les deux cas, mais j’y ai effleuré son souffle et sa faille.

Ces oeuvres nous font traverser le temps et l’espace à la rencontre de créateurs imparfaits, parfois criminels. Aujourd’hui, ceux qui prétendent effacer la mémoire des artistes bourrés de défauts (ou adhérant aux codes de leur époque) au nom des moeurs contemporaines se mettent le doigt dans l’oeil. Voyageons, du moins le temps d’un film, hors des voies pavées de vertu, sur les sentiers raboteux où l’inspiration s’évade de terre par des voies singulières et admirables.

« Malheur à qui pénètre en mon rêve éternel sans être une image impalpable ! » écrivait dans Les illuminésle grand poète français halluciné, syphilitique et débauché Gérard de Nerval, en invitant à s’alléger l’esprit pour percer l’âme des artistes.

Au cinéma, les créateurs du passé se reconnaîtraient-ils dans ces miroirs tendus ? Pas sûr ! Le réalisme des costumes et des décors, les péripéties plus ou moins fidèles aux aléas de leurs existences ne sauraient les duper. Certains y chercheraient en vain leurs élans créatifs et crieraient à l’imposture. L’art demeure un mystère. En mise en abîme, les meilleurs réalisateurs tirent ici et là des couleurs issues de leur psyché personnelle, ajoutant des teintes inédites, chatoyantes à leur alter ego.

C’est à sa propre vision d’un artiste admiré que le spectateur se confronte devant son portrait filmé. On se baigne dans les mêmes eaux que les muses en se prenant un moment pour l’une d’entre elles. Les meilleurs biopics du genre sont ceux qui donnent envie d’aller cueillir soi-même les fruits doux-amers de la création pour y goûter, pour s’en emplir.

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